Nouvelle-Calédonie : l’UPM quitte le FLNKS, rejoint l’UNI et soutient l’accord de Bougival en exigeant des clarifications sur la souveraineté

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Le 42e congrès de l’Union pour la Métropole (UPM) a acté la sortie du parti du FLNKS, a annoncé Victor Tutugoro le 19 novembre après le meeting de Goyeta. Invoquant la radicalisation de certains courants, la nomination contestée au sein du FLNKS et le retrait de la signature de l’accord de Bougival, l’UPM rejoint l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) et demande des clarifications — sur l’autodétermination, les compétences régaliennes et le statut international — avant toute adhésion au processus de Bougival. Cette rupture redessine le paysage indépendantiste en Nouvelle‑Calédonie, alors qu’une consultation citoyenne anticipée, vraisemblablement en 2026, est envisagée par l’État.

« Le 42e congrès a décidé d’acter la sortie de l’UPM, membre fondateur du FLNKS », a déclaré son président, Victor Tutugoro, mercredi 19 novembre, lors d’une conférence de presse. Cette officialisation a été prononcée à l’issue du congrès annuel du parti, tenu du 14 au 16 novembre à Goyeta (Ponérihouen, côte est de la Nouvelle‑Calédonie).

Victor Tutugoro, 69 ans, a indiqué avoir été reconduit à la tête de l’Union pour la Métropole (UPM) mais avoir demandé à exercer « son dernier mandat ». Le parti se positionne désormais aux côtés de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI), conjointement avec le Palika (Parti de libération kanak), qui avait annoncé sa sortie définitive du FLNKS la semaine précédente.

Motifs de la rupture

Selon les dirigeants de l’UPM, plusieurs éléments ont motivé la décision de quitter la confédération indépendantiste. Le parti estime que « les conditions ne sont plus réunies pour porter au travers de l’outil FLNKS la trajectoire devant mener (…) le pays à sa pleine souveraineté ». Parmi les griefs cités figurent l’arrivée dans le FLNKS de mouvements qualifiés de nationalistes, la nomination d’un président du FLNKS « alors qu’au moins deux organisations ont toujours été contre », et le retrait par le FLNKS de sa signature à l’accord de Bougival.

Victor Tutugoro a par ailleurs dénoncé « une mouvance indépendantiste dont une partie s’est largement radicalisée ces derniers temps au travers de l’outrance et de la menace ». Il a estimé que cette évolution s’était faite « au détriment des valeurs [des accords] de Matignon et de Nouméa » (1988 et 1998), accords qui structurent la feuille de route institutionnelle et politique du territoire.

Un accord qui divise le camp indépendantiste

L’accord de Bougival, signé le 12 juillet entre l’État, une partie des indépendantistes et des non‑indépendantistes, prévoit notamment la création d’un État de Nouvelle‑Calédonie doté d’une nationalité propre. Le FLNKS a rejeté ce texte, qu’il juge « contraire au processus de décolonisation » de ce territoire français du Pacifique Sud, d’où la rupture franche avec l’UPM.

Reconnaissant un texte imparfait, Victor Tutugoro a toutefois expliqué que « l’idée est de clarifier, mais de ne pas déséquilibrer l’accord ». Il a évoqué la nécessité d’ajustements portant, notamment, sur les modalités du droit à l’autodétermination, le transfert des compétences régaliennes et le futur statut international du territoire.

Pour l’UPM, ces clarifications sont indispensables avant toute adhésion pleine et entière au processus proposé par Bougival. Le parti considère que l’accord, dans sa forme actuelle, constitue un facteur de division interne et un motif supplémentaire pour s’éloigner du FLNKS : « Cet accord nous sépare aujourd’hui du FLNKS et constitue un argument supplémentaire de poids pour dire que nous n’avons plus rien à y faire », a résumé M. Tutugoro.

Réaction aux annonces gouvernementales

Lors de son premier déplacement en Nouvelle‑Calédonie, la ministre des Outre‑mer, Naïma Moutchou, a annoncé la tenue d’une « consultation citoyenne anticipée » sur l’accord de Bougival « au début de 026 » selon le texte rapporté lors de la conférence. Cette mention apparaît comme une coquille dans le compte rendu original et renvoie vraisemblablement à 2026 ; cette précision n’a pas été corrigée dans le communiqué cité.

Jean Creugnet, secrétaire général de l’UPM, a réagi à cette annonce en précisant que, selon le parti, seuls les électeurs inscrits sur la liste électorale spéciale pour les consultations d’autodétermination devraient être appelés à participer à une telle consultation. Ce point vise à rappeler les conditions d’éligibilité prévues pour les scrutins d’autodétermination conduits en Nouvelle‑Calédonie.

La décision de l’UPM marque une nouvelle configuration politique au sein du camp indépendantiste et vient s’ajouter aux débats déjà vifs autour de l’avenir institutionnel du territoire. Les prochains pas—tant au plan interne du mouvement indépendantiste que dans la conduite annoncée d’une consultation citoyenne—restent à préciser par les acteurs concernés.

Parlons Politique

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