La relation entre assureurs et collectivités locales, tendue au début de l’année 2025, a visiblement évolué vers un climat plus apaisé en fin d’année. Mercredi 19 novembre 2025, au congrès des maires à Paris, l’Association des maires de France (AMF) et la fédération France Assureurs ont affiché une proximité sur ce dossier, saluant les premiers résultats de la cellule CollectivAssur.
Origine et mission de CollectivAssur
CollectivAssur a été mise en place à l’initiative du gouvernement en avril 2025 et est devenue opérationnelle en juillet 2025. Sa mission consiste à assister les collectivités confrontées à des problèmes liés à leur couverture d’assurance : résiliation par l’assureur, appel d’offres infructueux ou augmentation imprévue et significative des primes.
Le dispositif vise à fournir à la fois de l’information et un accompagnement opérationnel. Un « parcours d’urgence » a été prévu pour les situations critiques, c’est‑à‑dire lorsque la collectivité se retrouve face à un manque total ou partiel d’assurance et doit donc réagir rapidement pour éviter une exposition financière ou opérationnelle.
Un bilan chiffré après quatre mois et demi
Selon le décompte communiqué lors du congrès, la cellule a été saisie 85 fois au cours de ses quatre mois et demi d’activité. Parmi ces saisines, 46 dossiers ont été considérés comme relevant du « parcours d’urgence », c’est‑à‑dire environ 54 % des cas, tandis que les autres sollicitations correspondaient principalement à des demandes de conseil ou d’information.
Ces chiffres illustrent que, si une part non négligeable des sollicitations exige une intervention rapide, une proportion importante des collectivités cherche avant tout un accompagnement pour mieux comprendre leurs options en matière d’assurance.
Contexte et cas médiatiques
La création de CollectivAssur intervient après plusieurs épisodes fortement médiatisés à la fin de 2024 et au début de 2025, où des élus ont rendu publiques leurs difficultés pour maintenir une couverture assurantielle. Parmi ces cas, la commune de Breil‑sur‑Roya (Alpes‑Maritimes) avait notamment attiré l’attention en prenant un arrêté symbolique interdisant les catastrophes naturelles, geste destiné à dénoncer les incompréhensions et les tensions entre collectivités et compagnies d’assurance.
Ces affaires ont contribué à mettre en lumière les fragilités du marché de l’assurance pour les collectivités, en particulier pour les communes exposées à des risques naturels ou confrontées à des hausses de primes difficilement maîtrisables dans leur budget local.
Ce que montrent les premiers mois d’activité
Les premiers mois de fonctionnement de la cellule témoignent d’un double besoin exprimé par les élus : une assistance immédiate pour les situations d’impasse assurantielle, et un besoin plus large d’information et de conseil sur les stratégies d’achat d’assurance et la gestion des risques. Le fait que plus de la moitié des saisines aient été orientées vers le parcours d’urgence indique toutefois que de nombreuses collectivités se trouvaient en situation d’urgence réelle.
La présence conjointe de l’AMF et de France Assureurs au congrès et leur volonté affichée de coopération sont des signaux positifs pour la poursuite du dispositif. Ils montrent aussi que le problème est désormais abordé de manière collective, impliquant à la fois représentants des collectivités et acteurs du secteur assurantiel.
Reste néanmoins que ces premiers résultats ne suffisent pas à mesurer l’efficacité à long terme de la cellule : le suivi des dossiers dans le temps, la capacité à prévenir la récurrence de situations similaires et l’impact sur les marchés locaux de l’assurance mériteront d’être observés au fil des mois.
En l’état, CollectivAssur apparaît comme une réponse institutionnelle à une crise locale d’accès à l’assurance, conçue pour apporter à la fois des solutions d’urgence et un appui technique. Les données publiées après quatre mois et demi d’activité — 85 saisines dont 46 classées en urgence — fournissent un premier indicateur de la demande des collectivités, sans toutefois offrir encore une vision complète de l’efficacité du dispositif sur le long terme.





