Taxe sur les yachts maintenue à l’Assemblée (74–67) : la gauche sauve une mesure symbolique mais peu rentable, débat relancé sur le budget 2026

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Taxe sur les grands yachts : touchée mais maintenue — l’Assemblée nationale a voté en première lecture le maintien de la mesure (74 voix contre 67). Adoptée en 2018 comme symbole de justice fiscale, elle ne rapporte que quelques dizaines de milliers d’euros par an, loin des 10 M€ espérés, relançant le débat sur son efficacité et son avenir dans le budget 2026.

Touchée, mais maintenue. La taxe sur les grands yachts, instituée en 2018, a failli être supprimée lors de l’examen en première lecture du projet de loi de finances pour 2026, mais l’Assemblée nationale a finalement voté sa conservation à une faible majorité. Mercredi 19 novembre 2025, les députés ont tranché par 74 voix contre 67 en faveur du maintien de cette taxe très contestée — un vote qui relance le débat sur son efficacité réelle.

Genèse et objectifs symboliques

La création de la taxe remonte à l’automne 2017, au moment où Emmanuel Macron accède à la présidence. Le gouvernement décide alors de supprimer l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et d’instaurer, en substitution, l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Dans ce contexte de réformes fiscales, la taxe sur les grands yachts est présentée comme une mesure à forte portée symbolique, destinée à cibler des signes extérieurs de richesse et à répondre aux critiques faisant de Macron le « président des riches ».

Richard Ferrand, alors chef des députés de La République en marche, estime à l’époque le gain attendu pour l’État à 10 millions d’euros par an et suggère d’affecter ce produit à la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). Cette affectation illustre la dimension communicationnelle de la mesure : limiter à la fois l’image d’un pouvoir favorable aux revenus élevés et afficher un usage social ou sécuritaire des recettes fiscales.

Des prévisions loin de la réalité

Dès les premières années d’application, le rendement annoncé par les promoteurs de la taxe se révèle très inférieur aux attentes. En 2019, premier bilan disponible, la perception se limite à 288 000 euros. En 2025, le produit déclaré de la taxe se contracte encore, à seulement 60 000 euros. Rapporté aux 10 millions initialement estimés, le montant réalisé est « 187 fois moins » que l’objectif, formule qui résume l’écart considérable entre prévision et exécution.

Critiques et constats ont fusé à l’Assemblée lors du débat budgétaire. « Cette taxe ne sert à rien, ne marche pas, et coûte probablement plus cher à recouvrer » que ce qu’elle rapporte, a assené le député Renaissance du Bas-Rhin, Charles Sitzenstuhl, ancien de Bercy. Cette observation met en lumière non seulement le faible montant collecté, mais aussi la question du rapport coût/efficacité d’une telle imposition.

Explications et incertitudes

Plusieurs éléments sont évoqués pour expliquer l’écart entre l’objectif initial et le rendement effectif, sans que l’on puisse ici les énoncer comme des certitudes établies. Parmi les pistes fréquemment citées figurent une assiette fiscale étroite, des seuils d’imposition peu contraignants, des mécanismes d’exonération ou d’optimisation fiscale, ainsi que des difficultés pratiques de recouvrement et de contrôle.

D’autres hypothèses soulignent que les yachts de grand tonnage ne sont pas nécessairement immatriculés en France, et qu’une faible population taxable réduit mécaniquement le produit de la taxe. Ces éléments, s’ils ont été avancés dans différents bilans et analyses publiques, doivent être appréciés avec prudence, faute de données complémentaires publiques systématiques dans le texte d’origine.

Enjeux politiques et perspectives

Le vote de novembre 2025 montre que la taxe, bien que symboliquement frappée, conserve une existence juridique et budgétaire. Pour ses promoteurs, la mesure reste une vitrine politique : elle permet d’afficher une démarche de justice fiscale face à des signes ostentatoires de richesse. Pour ses détracteurs, son maintien illustre surtout l’échec d’une mesure mal calibrée et peu efficiente.

La répétition de bilans décevants pose une question pratique pour le futur : faut‑il réformer la taxe, la rendre plus contraignante, l’abroger ou, au contraire, la conserver pour sa valeur symbolique ? Au moment où l’Assemblée examinait le budget 2026 en première lecture, les parlementaires ont choisi la stabilité réglementaire à court terme. Les débats à venir — notamment lors des lectures suivantes ou d’éventuelles évaluations parlementaires — seront déterminants pour préciser l’avenir de cette disposition.

En l’état, la taxe sur les grands yachts reste en place mais pèse très peu sur les recettes publiques. Son bilan financier, chiffré à quelques dizaines de milliers d’euros ces dernières années, contraste fortement avec les promesses et les attentes formulées lors de son adoption en 2018. Toute révision future devra tenir compte de cet écart manifeste entre intention législative et résultat concret.

Parlons Politique

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