À la tête de l’Éducation nationale, Édouard Geffray face à des arbitrages décisifs d’ici décembre pour réduire les inégalités scolaires

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Nommé ministre après cinq ans à la Dgesco, Édouard Geffray a qualifié l’école d’« extrêmement inquiétante » et promet « lucidité ». Il doit prendre d’ici décembre des arbitrages cruciaux (budget, groupes de besoins au collège, soutien aux établissements en difficulté) qui détermineront la rentrée 2026 et sa capacité à transformer la parole en actions pour lutter contre les inégalités scolaires.

Le 22 octobre, lors d’un entretien sur France Inter, la voix du nouveau ministre de l’Éducation nationale a surpris par sa franchise : Edouard Geffray y a qualifié la situation de l’école d’« extrêmement inquiétante ». Il a ensuite justifié cette tonalité dans Le Monde : « En tant que ministre, j’ai un devoir de lucidité. »

Un passage de l’ombre à la première ligne

Ces déclarations marquent une rupture avec la posture qu’il adoptait jusque-là. Pendant cinq ans, Edouard Geffray a occupé le poste de directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco), de 2019 à 2024, ce qui faisait de lui le numéro deux du ministère. Sa nomination comme ministre est intervenue après l’arrivée de Sébastien Lecornu à Matignon, le 12 octobre, et l’a placé à la tête du ministère.

Jusqu’à présent, l’ancien haut fonctionnaire semblait préférer la discrétion. « Un fonctionnaire, ça ne s’appartient pas. Son lieu d’exercice, c’est le bureau du ministre, pas la place publique », a-t-il affirmé, indiquant une conception traditionnelle de la fonction publique. Son ton plus direct, lors de sa première prise de parole publique, laisse toutefois entrevoir un changement de méthode.

Des décisions attendues avant la fin de l’année

À court terme, le ministre doit transformer cette posture en choix politiques concrets. Le calendrier est contraint : il revient au chef du département de rendre plusieurs arbitrages d’ici à la fin du mois de décembre afin de préparer la rentrée 2026. Parmi les dossiers évoqués figurent la finalisation du budget, l’avenir des « groupes de besoins » au collège et des mesures ciblées pour les établissements les plus en difficulté.

Ces arbitrages ne sont pas symboliques : ils conditionneront l’organisation de la prochaine rentrée et détermineront les priorités financières et pédagogiques du ministère. Le ministre l’a lui‑même indiqué en insistant sur la nécessité de lucidité ; le contenu et le rythme de ses décisions permettront de mesurer la portée réelle de son virage rhétorique.

Les enjeux politiques et pédagogiques

Sur le plan politique, Edouard Geffray hérite d’un portefeuille exposé, où chaque annonce est scrutée. Sa trajectoire — de directeur général à ministre — peut jouer en sa faveur : connaissance des administrations, réseaux internes et continuité technique. En revanche, cette proximité avec l’appareil administratif suscite également des attentes fortes quant à la capacité à impulser des changements perçus comme nécessaires par certains acteurs du système éducatif.

Sur le plan pédagogique, la référence aux « groupes de besoins » au collège signale un dossier sensible. Ces dispositifs, destinés à adapter les réponses éducatives aux élèves, posent des questions de moyens, de formation des équipes et d’évaluation de leur efficacité. Le sort qui leur sera réservé dans les arbitrages de décembre en dira long sur l’orientation privilégiée : consolidation des dispositifs existants, transformation ou recentrage sur d’autres priorités.

Priorités attendues et marges de manœuvre

La finalisation du budget est un autre levier majeur. Il déterminera l’ampleur des mesures possibles pour soutenir les collèges en difficulté et pour financer des expérimentations pédagogiques. Le ministre dispose d’une marge de manœuvre liée aux choix budgétaires nationaux et aux priorités gouvernementales, mais aussi de contraintes pratiques : calendrier parlementaire, arbitrages interministériels et contraintes fiscales.

Dans ce contexte, la promesse de « lucidité » peut se traduire de plusieurs façons : mise en lumière des difficultés réelles du système, priorisation des actions à effet rapide, ou au contraire présentation d’un diagnostic sévère suivi d’un calendrier de réformes graduelles. La teneur des décisions de décembre permettra de savoir laquelle de ces approches dominera.

En attendant ces décisions, la première prise de parole d’Edouard Geffray fixe le ton. Elle pose la question centrale pour l’année à venir : réussira‑t‑il à transformer la lucidité déclarée en mesures opérationnelles, capables d’agir sur les inégalités scolaires et la qualité de l’enseignement ? Les prochains arbitrages, et leur traduction sur le terrain à la rentrée 2026, donneront la réponse.

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