Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a assuré lundi 24 novembre, sur le perron de Matignon, qu’« il y a toujours une majorité à l’Assemblée nationale pour permettre de voter le budget pour l’année prochaine », malgré le rejet la veille de la première partie « recettes » du projet de loi de finances. Son intervention intervient au terme d’une première phase d’examen budgétaire marquée par des divisions parlementaires et l’adoption d’amendements contestés par l’exécutif.
Le point de blocage : le rejet de la première partie du budget
La nuit de vendredi à samedi, les députés ont rejeté en première lecture la première partie du projet de loi de finances 2026. Le scrutin a abouti à 404 voix contre et une voix pour, selon le compte rendu cité par le gouvernement. Conséquence immédiate : plusieurs crédits n’ont pas pu être examinés à l’Assemblée, et le texte doit désormais être transmis au Sénat, qui devrait retirer de nombreux amendements adoptés par les députés.
Ce rejet a empêché l’examen de dotations jugées prioritaires par l’exécutif, notamment dans les domaines de la sécurité, de la défense, de l’agriculture et de l’énergie. Le Premier ministre a rappelé que ces thèmes constituent des « priorités absolues » sur lesquelles il souhaite obtenir des débats et des votes dans les prochaines semaines.
La réponse de Matignon et le calendrier annoncé
Au cours d’une allocution qualifiée par lui-même de « point de compréhension et d’analyse », M. Lecornu a présenté une série de démarches pour tenter d’éviter un blocage institutionnel. Il a annoncé qu’il « va recevoir l’ensemble des formations politiques représentées à l’Assemblée nationale et au Sénat dans les prochains jours ». Il prévoit aussi une « réunion exceptionnelle des membres du gouvernement », suivie d’une réunion des chefs des groupes qui soutiennent l’action du gouvernement.
Le Premier ministre a ajouté qu’il relancerait, pour la première fois depuis le mois de septembre, « un certain nombre de réunions avec les partenaires sociaux ». Sur le calendrier des votes, il a indiqué vouloir saisir l’Assemblée nationale et le Sénat « dans les tout prochains jours, sûrement la semaine prochaine », pour permettre aux formations politiques de trancher, notamment sur un renforcement des armées.
Un appel à la responsabilité des parlementaires
Sébastien Lecornu a exhorté les parlementaires à défendre le rôle du Parlement et à ne pas céder au « blocage ». Il a jugé « stupéfiant » que certains évoquent déjà un échec et a estimé que « celles et ceux qui veulent avancer doivent rompre les ponts et ne pas se laisser contaminer par les forces politiques qui veulent ce blocage ».
Il a par ailleurs dénoncé « une forme de cynisme » qui, selon lui, pourrait conduire à laisser « certains errements idéologiques de certains partis politiques bloquer la situation ». Il a explicitement cité « les comportements de La France insoumise, et même parfois du Rassemblement national ».
Quelle issue possible ?
Privé de l’examen des recettes, le gouvernement compte segmenter la discussion en focalisant les débats sur des crédits jugés essentiels. L’objectif annoncé est de soumettre, dans les jours à venir, des votes ciblés sur la sécurité, la défense, l’agriculture et l’énergie afin d’obtenir des engagements politiques clairs des groupes parlementaires.
Le texte retourné au Sénat devrait être amendé une nouvelle fois, ce qui prolonge la procédure législative et ouvre la porte à des allers-retours entre les deux assemblées. Le Premier ministre a insisté sur la nécessité que les formations politiques se positionnent rapidement pour éviter une paralysie budgétaire susceptible d’affecter la préparation de l’exercice 2026.
En résumé, l’exécutif cherche à transformer une défaite parlementaire sur la partie « recettes » en une stratégie de recentrage sur des priorités jugées non négociables. Reste à voir si les consultations annoncées — réunions gouvernementales, entretiens avec les chefs de partis, et concertations avec les partenaires sociaux — suffiront à recomposer une majorité opérationnelle pour voter les crédits nécessaires.





