La COP30, qui s’est tenue à Belém, en Amazonie brésilienne, s’est conclue le samedi 22 novembre sans qu’une majorité des 194 délégations présentes depuis le 10 novembre n’obtienne l’accord le plus ambitieux espéré : une accélération nette de la lutte contre le réchauffement climatique. Après une année de tensions internes au sein de l’Union européenne sur ses objectifs de réduction des émissions, le bloc européen est pourtant apparu comme un acteur moteur des négociations, sans pour autant réussir à arracher des engagements plus contraignants lors du texte final.
Concessions et réactions au texte final
Le texte final a été perçu par plusieurs responsables comme une suite de concessions plutôt qu’une victoire. Wopke Hoekstra, commissaire européen au climat, a reconnu que le compromis adopté restait imparfait, tout en soulignant qu’il constituait « un pas extrêmement important dans la bonne direction ». La ministre française de la Transition écologique mentionnée dans le compte rendu, Monique Barbut, a jugé le texte « assez plat » mais a salué un volet financier qu’elle a qualifié de « positif pour les pays les plus pauvres ».
Selon le récit des discussions, l’Union européenne a menacé d’opposer son veto au dernier moment, avant finalement d’appuyer le texte. Cette oscillation révèle les divisions internes entre États membres : dix d’entre eux — parmi lesquels la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Pologne et la Slovaquie — ont refusé d’approuver le compromis, forçant à de longues négociations et à un assouplissement des ambitions initiales.
Financement : engagements chiffrés et limites
Les points financiers ont occupé une place centrale. Le texte final appelle à mobiliser 300 milliards de dollars par an (environ 260 milliards d’euros) d’ici 2035 au bénéfice des pays en développement. Il fixe également comme objectif une mobilisation globale de 1 300 milliards de dollars par an d’ici la même échéance, en combinant fonds publics et privés.
Parmi les demandes des pays du Sud figurait l’inscription explicite d’un objectif chiffré de 120 milliards de dollars annuels — un montant que ces pays attendaient et qui n’apparaît pas clairement dans la formulation finale. Le texte exhorte les États « à faire des efforts », sans préciser la trajectoire exacte ni la répartition des montants attendus, ce qui a été critiqué comme une faiblesse par plusieurs délégations.
Un progrès reconnu concerne l’adaptation : les fonds destinés à cette action devraient, selon le texte, être triplés d’ici 2035 afin de mieux faire face aux canicules et aux inondations. Toutefois, la formulation reste timide et s’en remet largement aux incitations et à l’effort volontaire des États.
Blocage politique et enjeux géopolitiques
Les négociations ont été marquées par des tensions géopolitiques. L’absence des États‑Unis dans certains moments stratégiques a laissé un espace d’influence que des acteurs comme l’Arabie saoudite ont su exploiter, selon plusieurs diplomates cités dans le compte rendu. De leur côté, les BRICS et un groupe de pays émergents ont résisté à des engagements forts sur la sortie des énergies fossiles, entraînant une fragmentation des positions.
La présidence brésilienne de la COP30 a tenté d’encourager une dynamique commune à travers un « Mutirão » — terme d’origine autochtone désignant une action collective — visant à pousser les États à avancer vers des engagements plus larges attendu pour 2024. La Colombie, qui avait réuni 82 pays le 18 novembre, a présenté une feuille de route concrète vers la transition hors des énergies fossiles, appel auquel l’Union européenne n’a pas pris part officiellement.
Un bloc de 29 pays a envoyé une lettre à la présidence brésilienne pour réclamer davantage de références à cette feuille de route. En revanche, l’Union européenne, réunie en amont, a fini par adopter des objectifs plus flexibles que ceux initialement proposés, après un compromis interne long et difficile.
Leçon stratégique pour l’Union européenne
Plusieurs responsables européens ont dressé un constat stratégique : l’influence climatique de l’UE dépend autant de son unité interne que de sa capacité à s’adapter à un monde multipolaire. Le ministre allemand chargé du climat, Carsten Schneider, a résumé ce sentiment en évoquant « un nouvel ordre mondial climatique » et en constatant l’isolement de l’Union dans certaines phases de la négociation.
En conclusion, la COP30 a produit des avancées financières et des engagements sur l’adaptation, mais elle laisse de larges zones d’incertitude sur les trajectoires de réduction des émissions et la répartition des financements. Les divisions internes et la recomposition des alliances internationales soulignent que les enjeux politiques restent décisifs pour transformer les engagements en actions concrètes dans les années à venir.





