Le congrès annuel des maires, tenu du 17 au 20 novembre à Paris, a servi une nouvelle fois de vitrine à l’affirmation de leur influence locale — sans toutefois se traduire par des résultats immédiats. À quatre mois des municipales, les interventions et les appels répétés montrent la volonté des élus locaux de peser dans le débat national.
Une représentativité rare
L’Association des maires de France (AMF) dispose d’une base d’adhésion exceptionnelle : 34 000 membres sur environ 35 000 communes françaises. Ce chiffre, souvent rappelé par son président David Lisnard, maire (Les Républicains) de Cannes, nourrit la revendication d’un rôle central dans la vie politique. Lisnard souligne à plusieurs reprises que l’AMF est « la plus ancienne association d’élus au monde, et peut‑être la plus grande ». Cette légitimité numérique explique en partie l’attention portée au congrès par le gouvernement et par les médias.
La forte implantation territoriale des maires confère à l’AMF une capacité de mobilisation et de relais d’opinion que peu d’acteurs politiques possèdent. Dans ce cadre, le congrès constitue un moment privilégié pour exposer des revendications, échanger sur les difficultés locales et tenter d’orienter l’agenda national.
Des visites ministérielles et une séance solennelle scrutée
Une dizaine de ministres se sont succédé au congrès au cours des quatre jours. Sébastien Lecornu, évoqué comme « le premier d’entre eux » dans les prises de parole, a participé à la séance solennelle de clôture le 20 novembre. Le chef du gouvernement était également présent et a assisté à la lecture de la résolution finale prononcée par André Laignel, maire socialiste d’Issoudun (Indre) et premier vice‑président de l’AMF.
La lecture, effectuée par André Laignel, a été décrite dans les comptes rendus officiels du congrès comme intransigeante. Le choix de confier cette tâche à Laignel, figure connue pour son ton critique vis‑à‑vis de l’exécutif — qualifié dans certains comptes rendus d’« infatigable censeur du macronisme » — souligne la volonté des maires de porter des positions claires et parfois dures à l’adresse du gouvernement.
Discours et tonalités : fermeté sans concession
David Lisnard a clos le congrès par un long discours, qualifié de « fleuve » par plusieurs observateurs présents. Outre la forme, le contenu a été décrit comme peu conciliant, traduisant une tonalité revendicative. Les propos de Lisnard ont insisté sur la singularité des maires et sur la nécessité pour l’État de mieux prendre en compte les réalités locales, selon les éléments diffusés par l’AMF.
Si le congrès a permis de réaffirmer l’unité et la force de mobilisation des maires, il n’a pas, aux dires des organisateurs et des compte‑rendus publiés, produit de gains tangibles immédiats au plan légal ou budgétaire. L’existence d’échanges soutenus avec des membres du gouvernement témoigne cependant d’une prise en considération politique des demandes municipales.
À quelques mois d’un scrutin local majeur, la tenue de ce congrès revêt une double fonction : servir de plateforme de revendications institutionnelles et permettre aux maires de marquer leur présence dans le débat public — auprès de l’exécutif comme de l’électorat.
Le bilan chiffré et les suites concrètes de ces journées resteront à apprécier dans les semaines suivant l’événement. Pour l’heure, le congrès a confirmé la place particulière des maires dans la vie publique française et la capacité de l’AMF à rassembler une très grande majorité des communes françaises.





