France : défiance record sur l’usage de l’argent public — 72% insatisfaits, 79% jugent payer impôts acte citoyen; transparence exigée

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Le 3e baromètre du CPO (Harris Interactive/Toluna) révèle un civisme fiscal encore majoritaire — 79 % considèrent payer impôts et cotisations comme un acte citoyen — mais une défiance croissante : 72 % sont insatisfaits de l’usage de l’argent public et 78 % jugent la fiscalité trop élevée. François Villeroy de Galhau alerte sur l’écart de dépenses publiques de la France (9,6 points de PIB, ≈280 Md€) lié en grande partie à la protection sociale ; les autorités devront améliorer l’efficacité et la transparence des dépenses pour préserver le consentement à l’impôt.

Pour les agences de notation et les marchés, la France conserve un atout central : la population paie, dans l’ensemble, ses impôts. Mais le signe d’une possible érosion de ce civisme fiscal apparaît dans le troisième baromètre sur le consentement à l’impôt, dévoilé jeudi 27 novembre par le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO).

Un civisme fiscal toujours majoritaire

Le CPO, organisme d’analyse indépendant rattaché à la Cour des comptes, constate que le civisme fiscal reste « solidement ancré ». Selon l’enquête menée par Harris Interactive/Toluna auprès de 3 055 adultes français, 79 % des répondants estiment que payer impôts et cotisations sociales constitue un « acte citoyen ».

Autour de cette croyance civique, un large consensus persiste contre la fraude fiscale, l’exil fiscal et le travail non déclaré. Ces pratiques sont globalement condamnées par les Français interrogés, signe d’un socle moral toujours présent en faveur du financement des services publics.

La défiance croissante envers l’utilisation de l’argent public

Simultanément, l’enquête met en lumière une forte insatisfaction sur l’usage des recettes publiques. Aujourd’hui, 72 % des personnes interrogées se déclarent insatisfaites de la façon dont l’argent public est utilisé. Ce score progresse par rapport aux précédents baromètres : 65 % en 2021 et 68 % en 2023.

Cette dégradation de la confiance semble liée, au moins partiellement, aux difficultés récentes des finances publiques : le dérapage du déficit en 2023 et 2024, l’envolée de la dette et les difficultés rencontrées pour adopter un budget ont donné l’image d’un pilotage budgétaire défaillant.

Dans ce contexte, une majorité de Français estime qu’il serait possible d’améliorer la qualité des services publics sans augmenter les prélèvements, voire en les réduisant. Parallèlement, 78 % jugent que le niveau global d’imposition est trop élevé.

« Moins d’un Français sur trois (30 %) se déclare satisfait de la qualité des services publics eu égard au montant des impôts et des taxes acquittés pour les financer », a souligné François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, dans un discours prononcé jeudi à l’occasion des 20 ans du CPO.

Un écart de dépense publique significatif

Le gouverneur a mis ces résultats en perspective avec la structure des dépenses françaises : « Notre pays présente le niveau de dépense publique le plus élevé de la zone euro avec la Finlande », a-t-il observé. En 2024, l’écart avec la moyenne de la zone euro (hors France) atteint 9,6 points de produit intérieur brut, soit l’équivalent de 280 milliards d’euros.

Selon François Villeroy de Galhau, près des deux tiers de cet écart s’expliquent par des dépenses de protection sociale. « Ce différentiel traduit un écart d’efficacité : nous partageons en gros le même modèle social européen que nos voisins, mais il nous coûte plus cher », a-t-il ajouté.

Ces constats soulignent une double tension : d’un côté, un attachement au principe de contribution collective ; de l’autre, une remise en cause grandissante de l’efficacité et de la soutenabilité des dépenses publiques.

Implications et interrogations

Pour les décideurs publics, les résultats du baromètre posent un défi politique et administratif. Maintenir le consentement à l’impôt suppose non seulement de préserver la perception d’un devoir civique, mais aussi de convaincre sur l’usage et l’efficacité des dépenses financées par les prélèvements.

Les chiffres fournis par le CPO et l’enquête Harris Interactive/Toluna montrent que la marge de confiance n’est pas rompue, mais qu’elle s’amenuise. Les responsables publics devront donc composer entre la nécessité de maîtriser les comptes publics et l’impératif de répondre aux attentes des usagers en matière de qualité des services.

Enfin, si l’attachement au principe contributif demeure majoritaire, la persistance d’une forte perception d’un niveau d’imposition élevé et d’un usage contesté des fonds publics risque, à terme, d’affaiblir le consentement à l’impôt si les signaux d’amélioration ne sont pas perçus par les citoyens.

Parlons Politique

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