Pendant quelques minutes, la guerre en Ukraine a semblé prendre fin mardi 25 novembre au soir, avant qu’un message n’efface cette illusion. Marine Le Pen a supprimé sur X une publication dans laquelle elle se félicitait prématurément du « silence des armes tant attendu ». La suppression du message illustre une communication précipitée qui a immédiatement suscité des interrogations sur la ligne politique et la stratégie de communication du Rassemblement national (RN).
Le contenu du message et ses absences remarquées
Dans le texte partagé — puis retiré — la cheffe de file de l’extrême droite saluait « l’engagement constant du président [américain] Donald Trump » et rendait hommage au « courage et à l’abnégation du président [ukrainien Volodymyr] Zelensky ». Elle y écrivait que Zelensky, « pendant quatre ans a porté la résistance de son pays face à une guerre d’agression et qui a pris aujourd’hui l’une des décisions les plus difficiles pour un chef d’Etat, accepter un plan de paix dont certains des termes sont contestés, mais qui a le mérite de mettre fin aux destructions, aux privations et aux souffrances de toute une nation ».
La publication se distinguait aussi par ce qu’elle omettait : aucune mention explicite de la Russie. Ce silence a été relevé par des observateurs, qui y voient une lacune significative au regard de la nature du conflit. Le choix des références — louer l’action d’un président américain et valoriser la capitulation partielle d’un chef d’État ukrainien — a contribué à polariser les réactions politiques et médiatiques.
Un timing diplomatique et politique problématique
Le message a été diffusé alors que des négociations se poursuivaient en Europe pour amender un plan de paix présenté comme difficile pour l’Ukraine et critiqué par plusieurs capitales. Cette coïncidence a nourri l’idée d’une communication maladroite, publiée avant d’avoir vérifié la solidité des accords et sans coordination visible avec d’autres acteurs européens.
La publication intervenait également au moment où, selon des révélations évoquées dans le débat public, la proximité entre le Kremlin et un émissaire de la Maison Blanche faisait l’objet d’attention. La juxtaposition de ces éléments a renforcé l’impression d’une séquence diplomatique confuse et d’un alignement parti pris tôt et sans nuances.
En interne, le geste a été perçu comme révélateur d’une cacophonie : plusieurs voix du RN et des proches questionnent désormais la stratégie de communication du parti, son degré de coordination avec les relais internationaux et la manière dont il entend expliciter sa position face au conflit.
Conséquences pour le Rassemblement national
Au-delà de l’incident, cette affaire soulève des questions politiques plus larges pour le RN. La rapidité de la diffusion, suivie d’un retrait, met en lumière des tensions entre posture médiatique et réflexion stratégique. Elle interroge aussi la capacité du parti à maintenir une narration cohérente sur un dossier international sensible.
Les observateurs s’interrogent sur la ligne que le RN souhaite adopter : recherche d’un positionnement indépendant, tentation d’alignement sur certains acteurs étrangers, ou simple maladresse de communication. L’ambiguïté du message supprimé alimente les débats internes et extérieurs sur la crédibilité du parti lorsqu’il aborde des questions de politique étrangère.
Sur le plan électoral, ces incidents peuvent peser : une prise de parole prématurée, déconnectée des réalités diplomatiques, risque d’affaiblir la perception de sérieux que le parti tente de construire auprès d’un électorat soucieux de stabilité et de clarté dans la gestion des crises internationales.
La séquence a donc davantage de portée que l’effacement d’un simple message sur un réseau social. Elle offre un aperçu des défis auxquels fait face le RN lorsqu’il tente de s’imposer comme force crédible sur la scène diplomatique, tout en gérant des communications rapides et très exposées médiatiquement.
En l’état, le retrait du message n’a pas clos la polémique : il a plutôt amplifié les questions sur la cohérence politique du parti et sur les modalités de ses prises de position, au moment où se joue une étape délicate des négociations autour d’un plan de paix.





