Le 27 novembre, Emmanuel Macron, en sa qualité de chef des armées, a annoncé la création d’un « service national ». Sur fond de guerre en Ukraine et de « menaces croissantes », le chef de l’État a proposé de mobiliser, dans ce cadre, 3 000 jeunes volontaires dès l’été 2026, avec un objectif de 10 000 personnes par an en 2030 et 50 000 en 2035.
Les contours du dispositif annoncé
Ouvert aux Français âgés de 18 à 25 ans, ce nouveau dispositif devrait durer dix mois et les jeunes concernés seront déployés, selon l’Élysée, « uniquement sur le territoire national ». Ils percevront au moins 800 euros par mois, seront hébergés, nourris, équipés et porteront l’uniforme, a détaillé le chef de l’État.
Le caractère volontaire du recrutement est souligné dans l’annonce : les premières promotions visées sont qualifiées de « volontaires ». Le calendrier prévu commence par un recrutement limité en 2026 avant une montée en charge progressive jusqu’en 2035.
Un tour d’horizon européen des formats de service
La proposition française intervient alors qu’en Europe les dispositifs sont très variables, du service obligatoire à la formule volontaire, et avec des écarts importants de rémunération et de durée.
Selon une note transmise en 2024 au Bureau européen de l’objection de conscience (EBCO), les rémunérations vont, par exemple, de 8,80 euros en Grèce — montant indiqué dans le tour d’horizon — à 1 900 euros en moyenne au Danemark. Dans ce dernier pays, le service, récemment allongé à quatre à onze mois, est rendu obligatoire pour les femmes depuis le 1er juillet (le texte ne précise pas l’année) et les conscrits sont sélectionnés par tirage au sort.
En Finlande, le service militaire obligatoire varie selon la spécialité et le grade : six, neuf ou douze mois. Les conscrits finlandais reçoivent une allocation journalière croissante : 6,10 euros par jour au début, 10,15 euros après 165 jours et 14,15 euros après 255 jours, détaille la même note.
En Grèce la conscription demeure obligatoire pour les hommes de plus de 18 ans pour une période de neuf à douze mois ; depuis mars 2025, les femmes peuvent y participer volontairement, mais les rémunérations sont, selon l’EBCO, très faibles — de 8,80 euros à des montants modestes comme 140 euros par mois selon les situations familiales.
En Suisse, les jeunes effectuent leur service par une « école de recrues » où ils perçoivent une allocation de 69 francs par jour, soit environ 74 euros. En Estonie, le service dure de huit à onze mois pour les hommes et repose sur le volontariat pour les femmes ; les conscrits y gagnent entre 115 et 230 euros par mois, complétés, lorsqu’ils sont envoyés à l’étranger pour plus de deux semaines, par une prime journalière d’environ 10 euros, selon l’Agence estonienne des ressources de défense.
La Lettonie a rétabli un service obligatoire en 2023 ; il concerne désormais les hommes pour une période d’onze mois et reste ouvert aux femmes volontaires. Les soldats y touchent environ 300 euros par mois, tandis que ceux qui s’engagent volontairement perçoivent près de 600 euros.
La Lituanie, qui a réintroduit la conscription après l’avoir suspendue en 2008, prévoit pour 2025 que 25 149 jeunes hommes soient éligibles au service militaire mais n’en appellera que 3 865. Les conscrits rejoignent ensuite la réserve pour dix ans ; cette durée doit être portée à quinze ans en 2026, précise le site du ministère de la Défense lituanien.
La Suède a réactivé la conscription en 2017 pour hommes et femmes, pour des durées allant de neuf à quinze mois selon les spécialités. Les conscrits suédois perçoivent 4 380 couronnes suédoises par mois, soit environ 400 euros, souligne l’analyse comparative.
En Allemagne, où la conscription est suspendue depuis 2011, un projet de loi — qui doit être voté en décembre (année non précisée dans le texte d’origine) — vise à recruter 20 000 volontaires dès 2026. Pour attirer des candidats, un salaire d’entrée de 2 600 euros bruts par mois a été évoqué par le quotidien Bild.
Plusieurs pays proposent des formules volontaires récentes : la Belgique mettra en place dès 2026 un service militaire volontaire d’un an, ouvert à tous et assorti d’une rémunération d’environ 2 000 euros mensuels, selon la RTBF. La Roumanie prévoit, elle, un service volontaire de quatre mois pour hommes et femmes, avec une allocation finale de 2 500 euros.
Enfin, l’Autriche impose encore un service aux hommes (six mois pour le premier pays, neuf mois pour le second), la durée variant selon le pays ; les femmes peuvent s’engager volontairement. Les rémunérations et modalités diffèrent nettement d’un État membre à l’autre.
En présentant son projet, l’exécutif français s’inscrit donc dans une dynamique européenne de renforcement des capacités et de diversification des formats de service. La mise en œuvre concrète, les modalités de sélection et le calendrier de montée en puissance resteront déterminants pour mesurer l’ampleur réelle de ce nouveau « service national ».
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