Un retrait annoncé, mais sous conditions
Le gouvernement a annoncé le retrait du projet de réforme de l’assurance‑chômage porté par l’équipe précédente, mais l’annonce laisse place à des réserves. Samedi 29 novembre, le ministre du Travail, Jean‑Pierre Farandou, a informé par courrier les syndicats et le patronat que le texte controversé serait retiré. Cette décision est cependant assortie de conditions qui suscitent la méfiance parmi plusieurs organisations syndicales.
Selon la lettre évoquée, le retrait ne signifie pas la fin du débat : il intervient dans un cadre de consultations et d’ajustements. Les responsables de centrales de salariés soulignent que, sans garanties écrites et précises, l’abandon de la réforme pourrait être temporaire ou partiel, et laisser subsister des mesures proches de celles initialement proposées.
Contexte : une mobilisation intersyndicale et patronale
La démarche de M. Farandou fait suite à une lettre collective adressée au Premier ministre le 14 novembre par les principales organisations de travailleurs et de chefs d’entreprise. La missive demandait explicitement le retrait de la feuille de route envoyée aux partenaires sociaux le 8 août par le précédent ministre, François Bayrou. Le Medef s’est distingué en n’ayant pas souhaité cosigner ce courrier.
Dans leur courrier du 14 novembre, syndicats et certaines organisations patronales exhortaient Matignon à renoncer à l’orientation prise en août, considérée comme trop sévère par les organisations de salariés. La lettre faisait valoir que les modifications prévues risquaient d’affaiblir les droits des demandeurs d’emploi sans garantir une meilleure insertion professionnelle.
Les objectifs de la feuille de route de l’été
La feuille de route présentée le 8 août visait à durcir les paramètres de l’indemnisation pour inciter les personnes inscrites à France Travail à reprendre une activité plus rapidement, tout en réduisant la dépense publique liée aux allocations. Les économies attendues figuraient dans le document : une réduction « en moyenne » de 2 à 2,5 milliards d’euros par an sur la période 2026‑2029, puis un effort porté à 4 milliards d’euros en rythme annuel à partir de 2030.
Ces objectifs budgétaires ont alimenté l’hostilité des syndicats, qui estiment que la contrainte financière pourrait se traduire par un accès plus difficile aux droits pour nombre de demandeurs d’emploi. La CFDT, notamment, a exprimé son rejet en qualifiant la proposition de « carnage ».
Réactions et incertitudes
Du côté des organisations syndicales, la priorité est désormais d’obtenir des garanties claires et durables. Plusieurs responsables demandent que tout retrait soit accompagné d’un calendrier de discussions transparent et d’engagements précis sur l’absence de mesures équivalentes par d’autres voies. Ils restent vigilants quant à la possibilité que certains éléments du projet soient repris sous une autre forme.
La position patronale est plus partagée. Si certaines organisations ont cosigné la lettre du 14 novembre, le Medef a choisi de ne pas s’y associer, illustrant des divergences internes sur la manière d’équilibrer incitation au retour à l’emploi et maîtrise des dépenses publiques.
Au gouvernement, la communication officielle met en avant la volonté d’apaiser le climat social tout en maintenant un travail d’ajustement du système. La lettre de M. Farandou apparaît comme un geste destiné à ouvrir ou à relancer des discussions entre l’État, les syndicats et les employeurs.
Ce qui reste à décider
Plusieurs points restent à trancher : le périmètre exact du retrait, la nature des conditions imposées par l’exécutif, et le calendrier des prochaines étapes de négociation. Les organisations syndicales insistent pour que toute nouvelle proposition soit précédée d’évaluations d’impact et d’un examen approfondi des conséquences pour les publics les plus fragiles.
En l’état, l’annonce du retrait calme provisoirement les tensions mais n’écarte pas une reprise possible du dossier sous une autre forme. Les prochains échanges entre l’État, les syndicats et le patronat détermineront si le retrait est définitif ou s’il constitue plutôt une pause dans une réforme qui pourrait revenir ultérieurement à l’ordre du jour.





