Le paysage syndical a changé de configuration entre le 2 octobre et la fin novembre : alors que huit organisations avaient défilé ensemble le 2 octobre pour peser sur les orientations budgétaires du gouvernement, seules trois d’entre elles ont appelé à reprendre l’espace public au début décembre. La CGT, la FSU et Solidaires ont lancé un appel à la mobilisation pour mardi 2 décembre, tandis que les autres syndicats concernés ont choisi de s’abstenir cette fois-ci.
Un signal plus limité que le rassemblement d’octobre
Le rassemblement du 2 octobre, auquel participaient huit organisations syndicales majeures, avait pour objectif de marquer une opposition collective aux choix budgétaires envisagés. Le nouvel appel, porté par la CGT, la FSU et Solidaires, conserve la même finalité — donner de la visibilité à des revendications partagées — mais s’en tient à un format plus réduit. Les trois organisations reconnaissent que leur initiative « ne va pas drainer les foules du grand soir », selon un constat qu’elles ont exprimé publiquement, et justifient leur décision par la volonté de rester actives plutôt que de paraître statiques.
Cette évolution traduit une division tactique entre syndicats : certains privilégient la coordination à plusieurs pour maximiser la portée, d’autres préfèrent des actions ciblées et autonomes. Le texte d’appel commun se veut centré sur la contestation des orientations budgétaires, sans toutefois prétendre reproduire l’ampleur du cortège précédent.
150 mobilisations annoncées et la formule de Sophie Binet
Les organisateurs annoncent environ 150 manifestations et rassemblements sur l’ensemble du territoire à l’occasion de cette journée. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a résumé la logique de l’action en appelant à « lancer une alerte rouge ». Elle a détaillé les motifs de cette démarche lors d’une conférence de presse tenue le 27 novembre.
À cette conférence, outre Sophie Binet, étaient présents les responsables de la FSU et de Solidaires, ainsi que des représentants d’associations de la société civile. Parmi elles figuraient ATD Quart Monde et le Planning familial, cités comme participants à la prise de parole ou à l’organisation locale. L’intervention collective visait à expliciter les raisons de la colère et à présenter un calendrier de mobilisations.
Les griefs formulés : budget de l’État et de la Sécurité sociale
La contestation s’articule principalement autour des pistes de mesures qui émergent dans le cadre des débats parlementaires sur les projets de budget de l’État et de la Sécurité sociale. Les syndicats et associations invités ont exprimé leur inquiétude face à des orientations perçues comme remettant en cause des acquis sociaux ou réduisant les marges de manœuvre des services publics et des protections sociales.
Lors de la conférence du 27 novembre, les intervenants ont mis en avant l’idée d’un signal d’alarme : la formule « lancer une alerte rouge » visait à souligner l’urgence politique et sociale selon eux, sans pour autant détailler l’ensemble des mesures critiquées. Les représentants ont insisté sur la nécessité de débattre publiquement des conséquences sociales des choix budgétaires en cours d’examen au Parlement.
Une action symbolique, mais structurée
Le format choisi — une journée de manifestations et de rassemblements répartis sur le territoire — répond à un objectif double : conserver une visibilité nationale tout en permettant des mobilisations locales adaptées aux réalités des territoires. Le chiffre avancé, « quelque 150 » mobilisations, donne une idée de l’ampleur opérationnelle attendue, sans assurer que toutes les actions auront la même intensité ou le même retentissement médiatique.
Les trois syndicats à l’initiative insistent sur le fait que la mobilisation a pour but de peser sur le débat parlementaire et non pas d’organiser un blocage généralisé. Ils entendent ainsi signifier leur opposition aux orientations budgétaires, tout en laissant la porte ouverte à d’autres modalités d’action si la discussion publique et parlementaire évolue.
Les autres organisations syndicales, en choisissant de ne pas se joindre à cet appel, n’ont pas nécessairement renoncé à l’expression de leurs désaccords. Elles ont préféré, pour cette échéance précise, d’autres voies d’intervention ou une abstention tactique. Le mouvement observé illustre les arbitrages récurrents au sein du monde syndical entre unité d’action et stratégies autonomes.
En l’état, la journée prévue le 2 décembre se présente comme un moment de mobilisation ciblée, encadré et revendicatif, dont l’impact réel dépendra de la participation locale et de la suite des débats au Parlement sur les budgets de l’État et de la Sécurité sociale.





