La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a appelé à une révision des recettes et des dépenses publiques pour prévenir une aggravation du déficit. Elle plaide notamment pour « taxer les patrimoines, et les successions » et pour passer en revue « les aides aux entreprises qui « coûtent un pognon de dingue » », afin d’éviter de laisser filer les comptes publics.
Des revendications centrées sur la fiscalité et les soutiens publics
Dans la bouche de la dirigeante syndicale, la proposition de taxer davantage les patrimoines et les transmissions vise à augmenter les recettes sans peser sur les salariés. La même logique explique la demande d’un examen des aides aux entreprises : la CGT considère que certaines mesures de soutien public mobilisent des sommes importantes et doivent être évaluées à l’aune de l’intérêt général.
Présentée comme une mesure de justice sociale, cette orientation repose sur l’idée que la contribution des plus aisés et des entreprises doit être réévaluée lorsque l’équilibre budgétaire est menacé. Sophie Binet met en avant la nécessité de questionner l’efficience des dépenses publiques et leur répartition entre aides, services et protection sociale.
Stratégie syndicale et timing des actions
La CGT se veut prudente sur la nature et l’ampleur des mobilisations à venir. Sur ce point, Sophie Binet précise : « Nous n’avons jamais dit qu’il s’agirait d’une grande journée d’action et de grèves. Nous savions qu’elle serait limitée par le contexte d’attentisme et de flou organisé. Mais si nous ne faisons rien, le débat budgétaire se tiendra sans les salariés, à coups d’arrangements politiciens. Il ne faut surtout pas arriver après la bataille, mais au contraire la mener maintenant, au moment où se prennent les décisions. »
Cette déclaration souligne deux enjeux : d’une part, la CGT veut conserver une marge d’action en fonction du climat social et politique ; d’autre part, elle insiste sur l’importance d’intervenir en amont des arbitrages budgétaires. Selon le syndicat, ne pas se mobiliser risque d’exclure les salariés des discussions qui détermineront l’orientation des finances publiques.
En rappelant que la journée d’action annoncée ne devait pas nécessairement rimer avec une vaste grève, la secrétaire générale tente d’adapter la tactique syndicale au « contexte d’attentisme » qu’elle évoque. L’expression « flou organisé » employée dans la citation traduit une critique de la manière dont les autorités et les acteurs politiques gèrent, selon elle, les calendriers et les décisions.
Conséquences possibles pour le débat public
En appelant à taxer patrimoines et successions et à revoir les aides aux entreprises, la CGT recompose le débat public autour de la question du financement des services et protections collectifs. Ces thèmes renvoient à des choix politiques lourds : jusqu’où augmenter les prélèvements sur certains groupes ? Quelles économies faire sans affecter les services rendus aux publics ?
La position syndicale vise à placer ces interrogations au cœur des arbitrages budgétaires afin que les salariés et leurs représentants puissent peser sur les décisions. Sophie Binet met ainsi en garde contre un débat piloté uniquement par des compromis entre formations politiques, sans concertation suffisante avec les acteurs sociaux.
Sans avancer de chiffrage précis ni de calendrier contraignant dans la prise de parole rapportée, la CGT pose néanmoins un cadre d’exigences et une méthode : priorité aux mesures jugées justes socialement, et volonté d’être présente lors des décisions majeures qui affectent le pouvoir d’achat et les services publics.
Reste que la portée réelle de ces propositions dépendra des initiatives politiques et de la capacité du syndicat à transformer ses revendications en influence effective lors des négociations. Le message, tel que rapporté, est clair : il s’agit d’empêcher que le débat budgétaire ne se joue sans la voix des salariés.





