Olivier Faure a appelé, lundi 8 décembre, les députés du Parti socialiste (PS) à voter en faveur du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qu’il a décrit comme un texte « de compromis », afin qu’il soit adopté mardi en nouvelle lecture à l’Assemblée nationale.
Un appel à la « fiabilité » après des concessions
« Il y a eu là toute une série d’avancées (…). Le premier ministre s’est engagé [sur la suspension de la réforme des retraites], il s’est montré fiable dans toute la discussion. Je souhaite que nous puissions à notre tour être fiables et faire en sorte que ce budget soit adopté », a déclaré M. Faure sur BFMTV/RMC.
Dans son intervention, il a pointé les oppositions attendues à droite, désignant notamment les « ingénieurs du chaos à droite » qui, selon lui, ne voteront pas ce budget et mettent en péril son adoption. Son appel vise à sécuriser le oui des députés PS pour permettre l’adoption du texte en nouvelle lecture.
Le volet « recettes » adopté après des compromis
La première partie du PLFSS, dite « volet recettes », a été adoptée vendredi. Cet aboutissement résulte de plusieurs compromis, cités dans le texte initial — notamment des aménagements autour de la CSG et l’abandon d’une hausse des franchises médicales — mais aussi d’un contexte de séances parlementaires marquées par de nombreuses absences en hémicycle.
Plusieurs députés, et plus particulièrement des rangs du Rassemblement national (RN), n’étaient pas présents lors du vote sur les recettes, ce qui a facilité l’adoption de cette première partie du texte. Ces éléments ont été déterminants pour faire passer le volet financier du projet.
Incertitudes sur la suite : dépenses et réforme des retraites
L’adoption, mardi, de la partie consacrée aux dépenses s’annonce plus incertaine. Cette étape intègre la suspension annoncée de la réforme des retraites, mesure symbolique et politiquement sensible au cœur des discussions.
Les divisions existent jusque dans les rangs de la fragile coalition gouvernementale, ce qui rend difficile de prédire le résultat du vote global sur l’ensemble du PLFSS. Le calendrier parlementaire reste tendu et les négociations continuent entre les groupes pour rassembler les voix nécessaires.
La droite critique un « hold‑up »
Dimanche, Bruno Retailleau, chef du groupe Les Républicains au Sénat, a vivement critiqué le projet. Il a qualifié le budget de la sécurité sociale de « hold‑up fiscal » en raison, selon lui, de l’augmentation de la CSG ; de « hold‑up social » sur les retraites ; et de « hold‑up démocratique », en ajoutant que « jamais le pays n’a été autant à droite et jamais un gouvernement, une politique n’a été autant à gauche ». Il a conclu : « Ce texte n’est pas votable », et annoncé que ses députés « auront le choix de l’abstention ou de voter contre ».
Cette position rejoint celle de l’ex‑Premier ministre Édouard Philippe. Le maire du Havre, candidat déclaré pour 2027, a indiqué qu’« en l’état » le groupe Horizons ne voterait pas le budget. Les députés d’Horizons se sont, pour une large part, abstenus vendredi lors du vote sur la partie recettes.
Ces abstentions et hostilités potentielles dans l’hémicycle peuvent compromettre l’adoption finale du PLFSS, malgré les concessions concédées au PS lors des négociations.
Un rejet aux conséquences financières redoutées par l’exécutif
L’exécutif a mis en garde contre des conséquences fortes en cas de rejet du PLFSS. Le ministre du travail, Jean‑Pierre Farandou, a évoqué le risque d’une « crise politique », « économique » et « sociale » si le texte n’était pas adopté.
Le gouvernement a par ailleurs chiffré l’impact attendu sur les comptes de la Sécurité sociale : en cas de rejet, le déficit de la Sécu pourrait se creuser « autour des 30 milliards d’euros en 2026, contre 23 en 2025 », selon les éléments cités dans l’article original.
Ces chiffres servent d’argument central aux partisans de l’adoption du PLFSS, qui insistent sur la nécessité de garantir le financement des prestations sociales et d’éviter une dégradation rapide des comptes.
Les débats parlementaires prévus dans les prochains jours devront trancher entre ces lignes politiques adverses et déterminer si le compromis trouvé sur les recettes suffira à emporter l’adhésion sur l’ensemble du texte.





