Invité dimanche 7 décembre sur LCI, le ministre de l’Économie Roland Lescure a annoncé que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 afficherait un déficit « autour de 20 milliards » d’euros à l’issue de son examen parlementaire. Ce chiffrage dépasse l’objectif figurant dans la version initiale du texte, qui prévoyait un déficit de −17,5 milliards d’euros.
Un écart chiffré et son contexte parlementaire
Le nouvel ordre de grandeur avancé par le ministre confirme un glissement budgétaire évalué à plusieurs milliards d’euros par rapport à la copie présentée au départ. Ce dérapage intervient alors que les députés étaient appelés, mardi, à voter solennellement sur l’intégralité du PLFSS, un scrutin dont l’issue était décrite comme très incertaine.
Le gouvernement explique en substance que l’absence d’une majorité stable à l’Assemblée nationale a réduit sa capacité à faire adopter certaines des mesures initialement prévues pour améliorer la situation financière de la « Sécu ». Le ministère a donc dû composer avec des arbitrages et des retraits d’amendements lors des débats, ce qui a alourdi le déficit attendu.
Mesures rejetées et impact budgétaire
Parmi les dispositions écartées figure l’« année blanche », c’est‑à‑dire le gel temporaire de certaines prestations, notamment des pensions de base. Selon le chiffrage présenté lors des discussions, cette mesure aurait permis d’économiser 2,5 milliards d’euros pour le régime de la Sécurité sociale. Lorsqu’on raisonne à l’échelle de l’ensemble des finances publiques, le rendement projeté atteignait 3,6 milliards d’euros.
La non‑revalorisation des prestations a été rejetée par des groupes parlementaires couvrant un large spectre politique, allant de l’extrême droite à la gauche. Ce refus collectif a contribué directement à l’aggravation du solde prévu pour 2026 par rapport à l’hypothèse initiale.
Situation financière de la Sécurité sociale et enjeux
La Sécurité sociale est déjà annoncée « dans le rouge » pour 2025, avec un déficit d’environ 23 milliards d’euros, chiffre repris dans le débat public et cité au cours des travaux préparatoires du PLFSS. Le rehaussement du déficit prévu pour 2026, s’il se confirme aux alentours de 20 milliards, éclairerait la difficulté persistante à stabiliser les comptes sociaux à court terme.
Les discussions autour du PLFSS mêlent enjeux techniques et contraintes politiques. D’un côté, il s’agit de retrouver un équilibre financier sur les branches de la Sécurité sociale. De l’autre, les choix proposés — comme la suspension temporaire de revalorisations — posent des questions sociales et politiques sensibles, qui expliquent en partie les réticences de plusieurs groupes parlementaires.
Conséquences possibles et incertitudes
Si le déficit final du PLFSS s’établit effectivement autour de 20 milliards d’euros, il restera à observer quelles mesures compensatoires le gouvernement pourra encore proposer, et si le Parlement acceptera d’en adopter. À ce stade, le chiffre avancé par Roland Lescure représente une estimation fondée sur le déroulé des débats et les mesures finalement retenues ou rejetées.
Plusieurs éléments peuvent encore évoluer : recalages techniques, corrections d’écriture budgétaire ou décisions ultérieures du gouvernement. L’impact concret pour les assurés dépendra des choix finaux retenus dans la loi et de la mise en œuvre des mesures éventuelles.
Roland Lescure a exprimé ce chiffrage lors d’une interview télévisée, soulignant la difficulté à atteindre les objectifs initiaux faute d’une majorité parlementaire pour porter toutes les mesures envisagées.
En l’absence d’autres annonces chiffrées publiques à ce stade, l’estimation « autour de 20 milliards » doit être lue comme un point d’étape dans l’examen parlementaire, susceptible d’être précisé lors des lectures finales ou par des communications ultérieures du ministère.





