Le suspense a duré jusqu’au dernier instant. Mardi 9 décembre, en nouvelle lecture, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 par une courte majorité : 247 voix pour, 234 contre et 93 abstentions. Les vives embrassades sur les bancs des ministres au moment de l’annonce des résultats ont témoigné de la tension accumulée autour du scrutin.
Un vote obtenu sans recourir à l’article 49.3
Le gouvernement, dirigé par le premier ministre Sébastien Lecornu, avait choisi de ne pas employer l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le texte. Cette décision a rendu la manœuvre parlementaire plus incertaine et a augmenté la portée politique du résultat. L’Assemblée, décrite comme « morcelée et sans majorité », a néanmoins validé le budget destiné à doter la « Sécu » d’un financement pour 2026.
La courte marge de la majorité — treize voix seulement entre les pour et les contre — illustre la fragilité du soutien parlementaire au gouvernement. Dans ce contexte, l’absence d’un recours au 49.3 a été perçue comme un pari politique : obtenir l’aval des groupes par la négociation plutôt que par l’autorité constitutionnelle.
Répartition des soutiens, oppositions et abstentions
Le texte a été largement soutenu par les députés de plusieurs formations : Renaissance, le MoDem, le Parti socialiste (PS) et le groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre‑mer et territoires). Face à eux, l’opposition a été massive du côté du Rassemblement national (RN), de ses alliés ciottistes, de La France insoumise (LFI) et de quelques députés communistes, qui ont voté contre.
Pour permettre l’adoption du PLFSS, plusieurs groupes se sont majoritairement abstenus. C’est le cas du parti Les Républicains (LR), du groupe Horizons et des Ecologistes. Ces abstentions ont joué un rôle déterminant : elles ont réduit la majorité nécessaire et permis au texte de passer malgré l’opposition frontale de certains groupes.
Au moment du dénouement, Sébastien Lecornu a salué le résultat sur X, en écrivant : « Cette majorité de responsabilité montre que le compromis n’est pas un slogan : il permet d’avancer dans le sens de l’intérêt général ». Cette déclaration résume la lecture gouvernementale, qui présente le vote comme le fruit d’un accord pragmatique entre formations diverses.
Portée politique et observations
L’adoption du PLFSS pour 2026 permet au gouvernement de disposer d’un budget pour la Sécurité sociale, mais la configuration du vote souligne la faiblesse de sa base parlementaire. Le recours à la négociation plutôt qu’au 49.3 a produit un résultat positif pour l’exécutif, tout en exposant la fragilité de l’équilibre politique à l’Assemblée.
Les chiffres — 247 voix pour, 234 contre, 93 abstentions — et la composition des groupes ayant soutenu, rejeté ou choisi de s’abstenir offrent un indicateur clair des lignes de fracture actuelles au sein de la représentation nationale. La manière dont ces équilibres évolueront lors des prochains dossiers budgétaires ou réformes reste, selon le scrutin présent, incertaine.
Sur le plan symbolique, les images d’union et d’émotion sur les bancs des ministres à l’annonce du vote traduisent l’importance politique accordée à ce succès parlementaire. Elles soulignent aussi la tension inhérente à une majorité relative qui doit composer en permanence pour faire adopter ses textes.
En l’état, le PLFSS adopté en nouvelle lecture confère au gouvernement le cadre financier attendu pour la Sécurité sociale en 2026, mais il met aussi en lumière la nécessité de compromis permanents au sein d’une Assemblée fragmentée.





