Mercredi 10 décembre, Nicolas Sarkozy a lancé la parution de son ouvrage Journal d’un prisonnier, consacrant une session de dédicace dans une librairie du 16e arrondissement de Paris.
L’ancien chef de l’État, condamné à cinq ans de prison en septembre dans le procès sur le financement libyen de sa campagne, a annoncé sur son compte X : « Si heureux de reprendre le chemin des routes de France pour aller à la rencontre de mes lecteurs ». Il a ajouté : « Cela me réjouit tant ! »
Un récit centré sur trois semaines de détention
Le livre, publié aux éditions Fayard et annoncé comme un volume de 216 pages, revient sur les vingt jours que M. Sarkozy a passés à la prison de la Santé avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire, le 10 novembre. Le contenu a été relayé et partiellement diffusé par plusieurs médias avant la sortie commerciale.
Dans des passages reproduits, l’ancien président décrit l’atmosphère de détention : « Je fus frappé par l’absence de toute couleur. Le gris dominait tout, dévorait tout, recouvrait toutes les surfaces ». Il raconte aussi son geste de prière au premier jour d’incarcération, le 21 octobre, et évoque sa relation avec l’aumônier de la prison au fil des dimanches.
Sous protection permanente de deux officiers de police, et identifié sous le numéro d’écrou 320 535, M. Sarkozy détaille aussi son alimentation en cellule, évoquant « laitage, barre de céréales, eau minérale, jus de pomme et quelques douceurs sucrées ».
Politiques, victimes et réactions
Le Journal d’un prisonnier contient plusieurs échanges et observations politiques. L’auteur rapporte notamment un appel téléphonique avec Marine Le Pen, où il indique qu’il ne s’associerait pas à un éventuel « front républicain » contre le Rassemblement national. Il critique par ailleurs certaines personnalités, parmi lesquelles Ségolène Royal.
Une part du texte est consacrée aux auditions des proches des victimes de l’attentat du DC‑10, qui a fait 170 morts le 19 septembre 1989, et qui figurent parmi les parties civiles du procès libyen. M. Sarkozy qualifie ces moments de « les plus émouvants », tout en se disant « affecté par la violence de certains propos à mon endroit ». Des proches de victimes se sont déclarés, mardi, « affligés » par la manière dont ils sont évoqués dans l’ouvrage.
Contexte judiciaire et suite de la procédure
La condamnation de l’ancien président par le tribunal correctionnel de Paris, le 25 septembre, l’a reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour obtenir un financement occulte de la campagne de 2007. La peine prononcée a été de cinq ans de prison.
Après cette décision, M. Sarkozy a été incarcéré pendant trois semaines puis placé en liberté sous contrôle judiciaire le 10 novembre. L’ancien président fait face à une procédure d’appel : il doit être rejugé par la cour d’appel de Paris du 16 mars au 3 juin. Parallèlement, il reste définitivement condamné dans deux autres affaires, dont celles dites des écoutes et de Bygmalion.
Le contexte éditorial est mentionné dans le livre et par les organes de presse : l’éditeur Fayard est précisé, de même que l’existence d’un lien financier ou de contrôle évoqué dans certains articles autour du groupe Bolloré, cité ici par son nom, Vincent Bolloré.
Le récit, centré sur l’expérience personnelle de la détention, mêle descriptions matérielles, réflexions spirituelles et observations politiques. Il a suscité des réactions contrastées, tant de la sphère politique que des familles de victimes, qui jugent certaines pages problématiques.





