Plus d’une centaine d’espèces jusque-là inconnues ont été observées et documentées dans les îles du sud de la Guadeloupe au cours d’une expédition menée en 2024, ont indiqué les équipes scientifiques lors d’un point presse tenu mardi 16 décembre.
Une expédition coordonnée et pluripartenariale
L’opération, portée conjointement par l’Agence régionale de la biodiversité des îles de Guadeloupe (ARB‑IG) et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), a réuni 120 chercheurs locaux et internationaux. Les inventaires ont ciblé la biodiversité de petite taille dans trois îles : les Saintes, Marie‑Galante et la Désirade.
Selon les responsables, l’effort de terrain s’est concentré sur des organismes souvent négligés par les prospections classiques — invertébrés, petites plantes et autres micro‑faunes — dont l’étude requiert des méthodes et des spécialistes adaptés.
Un premier bilan chiffré
Les chercheurs ont dénombré « une cinquantaine de nouvelles espèces pour les espèces marines, une trentaine pour la botanique, plus d’une quarantaine pour les insectes », a détaillé Sylvie Gustave‑Dit‑Duflo, présidente de l’ARB‑IG.
Parmi les découvertes terrestres, les diptères (mouches) devraient constituer « le plus gros contingent » des futures publications, a précisé Julien Touroult, coordinateur du module terrestre et directeur de PatriNat, unité scientifique de l’Office français de la biodiversité (OFB) et du MNHN.
Une partie des nouvelles descriptions porte sur de petits animaux. Le communiqué cites notamment « un nouveau scorpion, la quatrième espèce de scorpion de la Désirade, très petit, relativement blanc, très discret », ainsi que « un coléoptère assez gros, de 1 centimètre », illustrations des tailles réduites et de la diversité morphologique détectées.
Des îles aux profils différents
Les scientifiques ont fait part de surprises géographiques. Pour Julien Touroult, « la grande découverte, ou la surprise, c’est la Désirade. On ne s’attendait pas forcément à trouver autant de choses nouvelles aussi rapidement. »
En revanche, c’est Marie‑Galante qui présente le bond le plus net dans les connaissances terrestres : le nombre d’espèces connues sur ce territoire augmente selon les chercheurs et « bondit de 42 % », se réjouit Marc Gayot, directeur du Conservatoire botanique national des îles de Guadeloupe. Les mots employés renvoient à un rattrapage des inventaires plutôt qu’à une hausse réelle des populations.
Travail long et méthodique à venir
Les équipes préviennent que l’annonce ne clôt pas le travail scientifique mais ouvre une longue phase d’analyse. « Cela nous fait progresser sur l’acquisition de données et un long travail va s’installer pour déterminer l’aire de répartition, le nombre d’individus, s’il va falloir ou non les placer en liste rouge », a expliqué Sylvie Gustave‑Dit‑Duflo.
Elle prévoit « une dizaine d’années d’études » pour préciser le statut de ces espèces, estimer leurs populations et définir d’éventuelles mesures de conservation. Ces diligences incluent la vérification taxonomique, l’étude des habitats et l’évaluation des menaces potentielles.
Les chercheurs insistent sur la nécessité d’approches interdisciplinaires et de collaborations locales pour traiter ces jeux de données : inventaires complémentaires, analyses génétiques et suivis sur le long terme figurent parmi les étapes annoncées.
Cette annonce met en lumière l’importance des inventaires spécialisés pour compléter les connaissances de la biodiversité insulaire. Elle souligne aussi que des campagnes ciblées peuvent rapidement enrichir les listes d’espèces connues, en particulier dans des zones jusqu’alors sous‑inventoriées.
Le point de presse du 16 décembre livre un état des lieux préliminaire fondé sur les observations de terrain et les premiers traitements. Les travaux ultérieurs, cités par les équipes, permettront de confirmer les descriptions, d’attribuer des statuts de conservation le cas échéant, et d’alimenter la littérature scientifique par des publications à venir.





