Invités à Matignon en amont du vote de confiance prévu le 8 septembre, les socialistes ont annoncé, vendredi 29 août, qu’ils rencontreront François Bayrou la semaine suivante pour lui confirmer qu’ils voteront contre le Premier ministre.
Le PS confirme sa dissidence
En marge des universités d’été du parti à Blois (Loir‑et‑Cher), le Parti socialiste a expliqué qu’il proposait « un autre chemin et une autre méthode pour sortir le pays de l’impasse ». Cette position marque une volonté de distinction vis‑à‑vis de l’exécutif tout en acceptant la discussion en personne avec le chef du gouvernement.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait déjà critiqué, mercredi soir, sur X la « désinvolture » de François Bayrou, sans préciser immédiatement s’il se rendrait à Matignon. Le parti laisse donc la rencontre se tenir, mais sans intention de soutenir la demande de confiance.
Les alliés de gauche refusent l’invitation
À gauche, l’accueil est nettement plus tranché. La France insoumise (LFI) et les Écologistes ont décliné l’invitation du chef du gouvernement, préférant maintenir une ligne de refus de confiance.
Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a écrit sur X, jeudi, que sa formation ne participerait pas « à l’opération de sauvetage que le Premier ministre tente désormais d’initier ». « Nous n’irons donc pas à Matignon la semaine prochaine », a‑t‑il ajouté. Il a ensuite affirmé : « Le 8 septembre, nous ferons partir Bayrou et sa politique de malheur » et le 10 septembre « nous nous mobiliserons partout en France pour faire partir Macron ».
Les Écologistes ont, pour leur part, déclaré qu’ils ne se rendraient pas à l’invitation, estimant qu’« il n’y a plus rien à attendre ». Un communiqué signé par la secrétaire nationale Marine Tondelier et par les chefs de groupe au Parlement, Cyrielle Châtelain (Assemblée) et Guillaume Gontard (Sénat), précise que « le seul rendez‑vous auquel nous participerons est celui qu’il a donné aux parlementaires le 8 septembre, où nous lui refuserons la confiance ».
La droite et la stratégie du Premier ministre
Sur l’échiquier politique, le Rassemblement national a, en revanche, accepté de se rendre à Matignon. Le parti d’extrême droite a indiqué que « Marine Le Pen et Jordan Bardella seront reçus mardi 2 septembre à 10 heures ». Il a précisé qu’il voterait également contre la confiance au gouvernement Bayrou.
François Bayrou, déterminé à se battre « comme un chien » pour remporter le vote de confiance, prévoit donc de recevoir plusieurs chefs de formation la semaine prochaine. Il a déclaré être prêt à « ouvrir toutes les négociations nécessaires » à la « condition préalable » d’un accord sur « l’importance de l’effort » à consentir dans le prochain budget.
Interrogé sur l’urgence de conclure un compromis, il a insisté : « Est‑ce qu’on s’accorde sur la gravité et sur l’urgence ? » Il a aussi relevé le calendrier serré : « Il reste douze jours, c’est très long pour parler », suggérant qu’il reste du temps pour des discussions, mais laissant entendre que ce délai pourrait ne pas suffire pour inverser un rapport de forces défavorable.
Une semaine décisive
Le calendrier politique qui précède le vote du 8 septembre configure une semaine décisive : rencontres à Matignon, discours des chefs de groupe et mobilisation annoncée par certains partis. Les positions affichées montrent une forte polarisation : si le PS accepte la discussion sans renoncer à son vote négatif, LFI et les Écologistes maintiennent un refus net, tandis que le Rassemblement national joue la carte de la négociation formelle tout en s’opposant au gouvernement.
Ces postures laissent entrevoir un contexte de négociation tendu, où les enjeux budgétaires servent de cadre aux discussions. Selon les déclarations publiques rapportées ci‑dessus, l’issue du vote dépendra autant des alliances de dernière minute que de la capacité des partis à trouver un terrain d’entente sur l’effort attendu dans le prochain budget.