Accord franco-algérien de 1968 : la résolution de l’Assemblée nationale relance les tensions Paris-Alger et repousse tout apaisement

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Le 30 octobre, l’Assemblée nationale a adopté une résolution demandant de « dénoncer » l’accord migratoire franco‑algérien de 1968, portée par le RN et la droite. Le gouvernement privilégie une renégociation — un vote qui ravive les tensions Paris‑Alger et repousse tout apaisement.

On surveillait les signes d’un possible apaisement après une « annus horribilis » marquée par une crise bilatérale d’une ampleur inédite depuis l’indépendance de 1962.

Pour l’instant, cet apaisement devra attendre : jeudi 30 octobre, l’Assemblée nationale a adopté un projet de résolution appelant à « dénoncer » l’accord migratoire franco‑algérien de 1968.

Un vote qui ravive les tensions

Le texte, porté par le Rassemblement national (RN), a recueilli le soutien de la droite et du groupe Horizons, dans un contexte de démobilisation du camp macroniste. Ce basculement parlementaire laisse présager, selon toute vraisemblance, une relance des tensions entre Paris et Alger, déjà engagées dans une logique de défiance soutenue.

Aux yeux de nombreux observateurs, le résultat du vote illustre l’affaiblissement des initiatives visant à normaliser la relation. Les oppositions parlementaires et certains alliés ont préféré marquer leur désaccord avec l’état actuel des relations bilatérales plutôt que de suivre les appels à la retenue.

La réaction du gouvernement et les mots du premier ministre

La réaction officielle ne s’est pas fait attendre. Le premier ministre, Sébastien Lecornu, a exprimé sa préférence pour une « renégociation » du texte de 1968 et estimé que « la relation avec l’Algérie [doit] repartir fondamentalement de nos propres intérêts ». Ces déclarations reflètent la tonalité actuelle : moins d’ouverture que de pragmatisme recalibré.

Par leur formulation, la résolution adoptée et la réponse gouvernementale montrent que la relation diplomatique est aujourd’hui abordée sous l’angle des intérêts nationaux et de corrections bilatérales plutôt que sous celui d’un rapprochement politique large.

Échec des initiatives réconciliatrices et facteurs structurels

Le macronisme, qui avait misé sur une politique de « main tendue » soutenue par les recommandations du rapport de l’historien Benjamin Stora, se heurte à plusieurs obstacles structurels. Le texte souligne trois écueils majeurs qui, selon ses auteurs, ont compromis les effets attendus de cette politique.

Le premier tient à la droitisation du champ politique français, qui a rendu plus difficile la conduite de politiques étrangères perçues comme conciliantes. Le deuxième facteur est la bascule diplomatique française en faveur du Maroc au Maghreb : la reconnaissance, en juillet 2024, de la « marocanité » du Sahara occidental est citée comme un pivot qui a modifié les équilibres régionaux.

Enfin, le troisième écueil identifié est la « fuite en avant répressive et nationaliste » du régime algérien, qui a réduit les marges de manœuvre pour des gestes de rapprochement et complexifié le dialogue bilatéral.

Ces trois éléments, présentés comme convergents, contribuent à expliquer pourquoi les tentatives de normalisation ont produit des résultats limités.

La combinaison d’un contexte intérieur français plus tendu, d’une réorientation diplomatique régionale et d’un durcissement du pouvoir algérien a empêché que la démarche conciliante porte ses fruits de manière durable.

Perspectives et incertitudes

À court terme, l’adoption de la résolution et la tonalité des déclarations officielles laissent peu d’espace à un retour rapide à l’apaisement. Le vote parlementaire risque d’être perçu à Alger comme une provocation symbolique susceptible d’alimenter de nouvelles mesures de rétorsion ou un refroidissement supplémentaire des liens bilatéraux.

Restent des inconnues sur la capacité du gouvernement à traduire ses intentions de « renégociation » en propositions concrètes et acceptables pour les deux parties. Les modalités pratiques d’une telle renégociation — calendrier, périmètre et objectifs — n’ont pas été précisées dans les déclarations publiques rapportées ici.

En l’état, les acteurs engagés dans ce dossier semblent pris entre une logique de contraintes politiques internes et la recherche d’intérêts nationaux. L’effort pour dessiner un nouveau cadre relationnel avec l’Algérie s’annonce donc long et incertain, et l’apaisement, au moins pour l’instant, devra patienter.

Parlons Politique

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