Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a annoncé mardi 28 octobre l’ouverture d’une enquête disciplinaire après la diffusion d’images montrant des participants à une soirée dans l’Aube déguisés en membres du Ku Klux Klan et d’autres se produisant en « blackfaces ». Les faits se seraient déroulés le 18 octobre lors d’une fête organisée par un club de parachutisme à l’aérodrome de Brienne-le-Château.
Enquête disciplinaire et promesse de sanctions
Interrogé en séance des questions au gouvernement, M. Nuñez a exprimé son « indignation » et a confirmé la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire. « Il y avait deux militaires de la brigade des sapeurs-pompiers (BSPP) de Paris. Evidemment, une enquête disciplinaire est ouverte et nous serons absolument intraitables », a déclaré le ministre devant les députés.
Le ministre a ajouté : « Il y aura des sanctions qui seront extrêmement fermes ». Ces déclarations traduisent la volonté du ministère de sanctionner, le cas échéant, des comportements jugés contraires aux valeurs et aux règles professionnelles des forces publiques.
Parallèlement, le parquet de Troyes a confirmé, dans un communiqué, l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». Cette qualification relève du code pénal et vise les comportements pouvant inciter publiquement à la discrimination ou à l’hostilité envers une catégorie de personnes.
Déroulé des faits et réactions des fédérations
Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux et consultées par Yves-Marie Guillaud, président de la Fédération française de parachutisme (FFP), huit personnes ont été identifiées comme impliquées dans les scènes controversées.
La description fournie signale que cinq d’entre elles se seraient déguisées en membres du Ku Klux Klan. Toujours d’après la même vidéo, ces participants auraient brûlé des palettes et simulé l’étranglement de trois autres personnes qui arboraient des « blackfaces ». Yves-Marie Guillaud s’en est dit « aussitôt indigné », selon les éléments présentés.
La brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) a indiqué à l’Agence France-Presse avoir ouvert une enquête interne. L’institution précise que deux des militaires mentionnés étaient « hors service » au moment de la soirée. La BSPP a ajouté que, si les faits venaient à être confirmés, ces deux personnes « feraient l’objet de mesures disciplinaires exemplaires ».
Rappels historiques et signification des pratiques
Le terme « blackface » renvoie aux « minstrel shows » apparus au début du XIXe siècle aux États-Unis. Il s’agissait de spectacles durant lesquels des acteurs blancs se noircissaient le visage pour se moquer des personnes noires. Cette pratique est aujourd’hui largement dénoncée pour son caractère raciste et déshumanisant.
Le Ku Klux Klan, également évoqué dans les images, est historiquement connu pour avoir terrorisé, torturé et tué de nombreux Afro-Américains dans le sud des États-Unis à partir de la fin du XIXe siècle. L’évocation de ce mouvement dans un contexte festif suscite une forte réprobation en raison de l’histoire violente et suprémaciste qui lui est associée.
Les images et la circulation de ces vidéos sur les réseaux sociaux ont entraîné des réactions institutionnelles rapides : ouverture d’enquêtes judiciaire et disciplinaires, prises de position de la BSPP et protestation du président de la FFP. Ces mesures visent à établir les responsabilités et, le cas échéant, à engager des poursuites ou des sanctions.
Au-delà des suites procédurales, l’affaire pose des questions sur le sens et les limites de comportements exhibés hors du cadre professionnel, sur la responsabilité individuelle lors d’événements privés, et sur la façon dont des organisations doivent répondre lorsque leurs membres sont impliqués dans des faits susceptibles de porter atteinte à l’image et aux valeurs qu’elles défendent.
À ce stade, les informations disponibles reposent sur la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux et sur les communiqués des autorités et des instances concernées. Les investigations en cours devront permettre de confirmer les circonstances exactes et d’identifier précisément les personnes mises en cause, afin de déterminer les suites disciplinaires et judiciaires appropriées.





