Alors que l’examen des textes budgétaires commence au Parlement, l’annonce d’un projet de décret visant à reculer la majoration des allocations familiales suscite l’inquiétude des associations et des défenseurs des intérêts des familles.
Ce que propose le décret
Actuellement, les familles comptant au moins deux enfants de moins de vingt ans bénéficient d’une revalorisation des allocations familiales lorsque le deuxième enfant atteint 14 ans. Le projet de décret révélé, selon Le Parisien, « vendredi 17 octobre », reporte ce seuil à 18 ans.
La mesure concernerait environ cinq millions de foyers bénéficiaires des allocations familiales. Son impact financier variera toutefois selon des modalités déjà en vigueur : le montant versé dépend des ressources des parents, du nombre d’enfants à charge et de leur âge.
Calendrier et application
Selon l’entourage de la ministre de la Santé et des Familles, Stéphanie Rist, cité dans Le Monde, le décret devrait s’appliquer « à compter du printemps 2026 », après une « consultation des instances » prévue à la fin 2025. La montée en charge est annoncée comme progressive, « en flux », et le gouvernement indique qu’il n’y aurait « aucun changement pour les bénéficiaires actuels ».
Cette mise en œuvre progressive signifie, d’après les éléments rendus publics, que les familles déjà perçues comme éligibles ne verraient pas leur situation remise en cause du jour au lendemain. Le basculement concernera plutôt les nouveaux cas à compter de la date d’application.
Les justifications avancées par l’exécutif
Pour expliquer ce recul du seuil, le gouvernement se fonde sur une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Selon la communication ministérielle, cette étude a « récemment remis en cause une différence de coût généré par les enfants de moins de 14 ans et ceux de plus de 14 ans » et recommande « de retenir plutôt le seuil de 18 ans ».
Au ministère, on ajoute : « Il est justifié que le niveau de soutien s’adapte au niveau de dépense généré par l’enfant conformément à l’objectif de cette prestation. » Cette formulation situe la modification parmi des ajustements techniques visant à lier plus étroitement le niveau d’aide aux dépenses jugées effectives selon l’âge.
Effets attendus et questions soulevées
Le déplacement du seuil de 14 à 18 ans réduit, sur le papier, la durée pendant laquelle certaines familles percevront la majoration. Pour les associations familiales, les syndicats et tout observateur social, cette réduction soulève des questions sur les conséquences budgétaires pour les ménages concernés, notamment ceux dont les ressources sont modestes.
La mesure touchera des foyers dont la situation hétérogène est déjà prise en compte par un barème : l’effet global dépendra donc du profil sociodémographique des bénéficiaires et du calendrier de la montée en charge. Les détails techniques de l’application, qui seront précisés lors de la « consultation des instances » fin 2025, détermineront l’ampleur réelle du changement pour chaque catégorie de foyer.
Ce qui reste à préciser
Plusieurs points restent à expliciter dans les documents réglementaires à venir. Parmi eux figurent la nature exacte des critères d’entrée en vigueur « en flux », les modalités de transition pour les situations proches du seuil, et les simulations chiffrées par catégories de revenus.
Le texte publié par Le Parisien et les éléments communiqués à la presse par l’entourage de la ministre permettent d’identifier l’intention politique et le calendrier annoncé, mais la portée précise de la réforme dépendra des textes finaux et des réponses apportées lors des consultations prévues avant l’entrée en vigueur au printemps 2026.
En l’état, la réforme annoncée modifie un paramètre central du dispositif d’allocations familiales — l’âge à partir duquel la majoration est versée — tout en préservant, selon le gouvernement, la protection des bénéficiaires déjà installés. Les prochains mois devraient permettre de mesurer l’impact concret de ce changement sur les comptes des ménages concernés et sur les dépenses publiques.