Amendement universel contre l’exil fiscal (≥230 000 €) rejeté à l’Assemblée (132‑131) : LFI accuse le PS d’abstention, absences et fractures à gauche

Share This Article:

À l’Assemblée nationale, l’amendement « universel » d’Éric Coquerel (LFI) visant à lutter contre l’exil fiscal — ciblant les revenus ≥230 000 € et une résidence de 3 ans — a été rejeté de justesse (132‑131), révélant absences, abstention du PS et fractures stratégiques à gauche.

« Rangez vos flingues. » C’est par cet appel que le député communiste Nicolas Sansu a résumé, avec ironie, l’atmosphère électrique qui a régné ce week‑end à l’Assemblée nationale durant l’examen du volet recettes du projet de loi de finances.

Un amendement au cœur des tensions

Au centre des échanges figurait un amendement déposé par Éric Coquerel, président de la commission des finances et député de La France insoumise (LFI). La mesure visait à instaurer un impôt qualifié d’ »universel » pour lutter contre les paradis fiscaux. Concrètement, elle imposait les personnes disposant d’un revenu annuel d’au moins 230 000 euros qui, après avoir résidé au moins trois ans en France au cours des dix dernières années, décideraient de s’installer dans un pays à fiscalité plus douce.

Le texte a finalement été rejeté par une courte marge : 132 voix contre et 131 voix pour. Il aura manqué une voix pour son adoption, un échec sur lequel se focalisent désormais les commentaires politiques.

Abstentions, absences et réactions

La défaite de l’amendement a suscité des accusations entre groupes de gauche. Les députés LFI ont pointé l’abstention du Parti socialiste (PS), dénonçant une manoeuvre qui aurait privé le texte de la majorité nécessaire. Aurélien Le Coq, député du Nord, a fustigé cette décision en publiant : « Alerte à la magouille ! L’impôt universel contre l’exil fiscal a été rejeté à l’Assemblée… à cause de l’abstention socialiste ! »

La réalité du scrutin est toutefois plus nuancée. Les socialistes ne figurent pas comme seuls à s’être abstenus : l’issue a été influencée par l’absence d’une dizaine de députés « insoumis » dans l’hémicycle et par le fait que plusieurs élus du groupe écologiste n’ont pas pris part au vote. Ces faits ont limité la capacité du groupe porté par Éric Coquerel à rassembler les voix nécessaires.

Fractures stratégiques à gauche

Les débats ont révélé des divergences stratégiques entre le PS et LFI au sein de la gauche. Selon le récit des échanges, socialistes et « insoumis » ont passé leur week‑end à s’échanger des piques en marge des discussions budgétaires, illustrant des approches différentes sur la manière de conduire la bataille fiscale et parlementaire.

Pour LFI, le dépôt d’un amendement agressif sur l’exil fiscal répond à une logique de pression et de visibilité sur le sujet. Pour le PS, l’abstention peut relever d’arbitrages tactiques, d’un désaccord sur le calibrage de la mesure ou d’une volonté d’éviter une confrontation frontale au Parlement. Ces motivations n’ont pas été détaillées dans l’exposé fourni, mais elles alimentent la perception d’un désaccord stratégique qui dépasse le seul vote.

Dans ce contexte, les relations entre les chefs de file — Olivier Faure pour le PS et Jean‑Luc Mélenchon pour LFI — apparaissent comme un facteur structurant des choix de groupes, même si l’analyse exacte des décisions de vote relève des équipes parlementaires et des députés concernés.

Les échanges acrimonieux entre les troupes des deux camps illustrent aussi la difficulté pour la gauche à transformer des convergences de principe en majorités parlementaires fiables, notamment lorsqu’un texte se joue sur un ou deux suffrages.

Enjeux et suite

L’objectif affiché de l’amendement — lutter contre l’exil fiscal et compliquer l’usage des paradis fiscaux par des redevables très aisés — reste un sujet sensible politiquement et techniquement. La proposition prenait la forme d’une règle ciblée, avec des seuils chiffrés précis (230 000 euros et trois années de résidence sur dix), ce qui en faisait une mesure claire sur le papier mais susceptible de controverses sur sa mise en œuvre.

Sur le plan parlementaire, la défaite serrée met en évidence la fragilité des majorités sur les questions fiscales et la nécessité, pour les promoteurs d’une telle mesure, de consolider les soutiens au‑delà des seuls groupes d’origine. Le débat autour de cet amendement pourrait ressurgir sous d’autres formes au fil de l’examen du projet de loi de finances ou dans de futures propositions législatives.

Pour l’heure, la scène politique a surtout retenu l’image d’un week‑end tendu, où des votes serrés et des absences ont suffi à modifier l’issue d’un texte visant à frapper l’exil fiscal.

Parlons Politique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Subscribe To Our Newsletter

No spam, notifications only about new products, updates.

[contact-form-7 id="b565394" title="Untitled"]

L’actu politique, sans détour

En bref

Parlons Politique décrypte l’actualité française et internationale avec clarté et précision en utilisant l’IA.

Analyses, débats et enquêtes : notre rédaction s’engage à vous offrir une information fiable, accessible à tous et sans détour.

© 2025 Parlons Politique