Après la condamnation de Nicolas Sarkozy, le Syndicat de la magistrature fustige le silence d’Emmanuel Macron face aux menaces contre la présidente du tribunal

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Le Syndicat de la magistrature dénonce le « silence assourdissant » d’Emmanuel Macron après des menaces visant la présidente du tribunal ayant condamné Nicolas Sarkozy à cinq ans dans l’affaire du financement libyen. Deux enquêtes ont été ouvertes ; le CSM et le garde des sceaux condamnent les intimidations, le syndicat rappelle le rôle du président (art. 64) comme garant de l’indépendance judiciaire et défend la liberté syndicale des magistrats.

Le Syndicat de la magistrature a dénoncé, dimanche 28 septembre, le silence qualifié « assourdissant » du président de la République, Emmanuel Macron, face aux menaces visant la présidente du tribunal qui a prononcé la condamnation de l’ancien chef de l’État, Nicolas Sarkozy, dans l’affaire du financement libyen.

Deux enquêtes ouvertes après des messages menaçants

Le parquet de Paris a ouvert, vendredi 26 septembre, deux enquêtes à la suite de « messages menaçants » adressés à la magistrate parisienne. Ces messages interviennent après l’audience publique au cours de laquelle a été énoncée la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement, avec incarcération prochaine.

Dans son communiqué, le Syndicat de la magistrature souligne la gravité des faits et attire l’attention sur l’absence d’une réaction publique du chef de l’État. « Si le garde des sceaux démissionnaire, Gérald Darmanin, a cette fois apporté son soutien à l’institution judiciaire, le silence du président de la République, Emmanuel Macron, premier garant de l’indépendance de la justice, est quant à lui assourdissant », écrit le syndicat, traditionnellement classé à gauche.

Réactions des autorités et rôle constitutionnel du président

Aux termes de l’article 64 de la Constitution, le président de la République est le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Le Syndicat de la magistrature rappelle ce principe en pointant la responsabilité morale et institutionnelle qui incombe au chef de l’État dans de telles circonstances.

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a, pour sa part, condamné « fermement les menaces et attaques personnelles visant à remettre en cause l’impartialité des magistrats » ayant pris part au jugement. Le communiqué du CSM, publié samedi, réaffirme la nécessité de protéger l’indépendance et l’impartialité des juges.

Gérald Darmanin a également réagi en condamnant « sans aucune réserve » les « intimidations et les menaces de mort qui touchent les magistrats », qualifiant ces faits d’« absolument insupportables en démocratie ». Le Syndicat note que cette prise de position du garde des sceaux contraste avec le silence qu’il reproche au président de la République.

Liberté syndicale et exercice de la fonction judiciaire

Dans son texte, le Syndicat de la magistrature dénonce aussi une « confusion relayée par certains médias et sur les réseaux sociaux entre la liberté syndicale et l’acte de juger ». Le syndicat rappelle que les magistrat·es ont le droit de s’exprimer à titre syndical sans que leur impartialité ne soit mise en doute dans l’exercice de leurs fonctions.

Le communiqué ajoute que « cibler personnellement une magistrate, c’est attaquer l’État de droit lui‑même ». Cette formulation traduit la préoccupation du monde judiciaire face aux pressions et aux campagnes visant des juges en raison de décisions rendues dans des affaires de haute visibilité.

Rappel des faits retenus contre l’ancien président

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement, avec incarcération prochaine. La condamnation vise le rôle présumé de l’ancien chef de l’État dans l’organisation d’un démarchage auprès de la Libye de Mouammar Kadhafi, afin de financer sa campagne victorieuse de 2007.

Le libellé du jugement indique que Nicolas Sarkozy avait « laissé ses plus proches » collaborateurs démarcher la Libye pour obtenir des financements. Cette formulation figure dans le compte rendu du tribunal et résume la qualification retenue par les magistrats à l’issue des débats.

Les enquêtes ouvertes le 26 septembre visent à identifier les auteurs des menaces et à déterminer les circonstances précises de ces messages. Elles s’inscrivent dans un contexte de fortes tensions médiatiques et politiques liées à une affaire qui suscite un large retentissement.

Le Syndicat de la magistrature, le CSM et le ministère de la Justice ont tous appelé, dans leurs communiqués respectifs, à la protection des magistrats et à la préservation de l’indépendance judiciaire. Les procédures judiciaires en cours doivent désormais permettre d’éclaircir tant les menaces récentes que les éléments au cœur du procès pénal.

Parlons Politique

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