Bayrou battu à l’Assemblée : première perte de confiance sous la Ve République, démission du gouvernement, plan de 44 milliards menacé et risque de dissolution

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Le 8 septembre, François Bayrou a engagé la responsabilité de son gouvernement par un vote de confiance surprise à l’Assemblée nationale — largement rejeté (364 contre, 194 pour, 15 abstentions). Cette défaite fragilise son plan d’économies de 44 milliards, entraîne la remise de la démission du gouvernement et ouvre la voie à plusieurs scénarios (nomination d’un nouveau Premier ministre, gestion courante ou dissolution anticipée), alors que syndicats et mouvements comme « Bloquons tout » annoncent des mobilisations.

Le Premier ministre François Bayrou a engagé, lundi 8 septembre, la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale par un vote de confiance annoncée de façon surprise. Le compte à rebours avait été lancé le 25 août, et les derniers jours ont été marqués par une montée en puissance de ses prises de parole pour expliciter la stratégie et alerter sur l’état financier du pays.

Le vote et ses chiffres

Après une journée marathon de débats, les députés ont largement rejeté la motion de confiance : 364 voix contre, 194 voix pour et 15 abstentions. La défaite du gouvernement intervient malgré les efforts publics du Premier ministre pour mobiliser l’opinion et les parlementaires. Bayrou avait multiplié les interventions, usant d’images fortes pour qualifier la situation : « un bateau qui a un trou dans la coque », avertissant qu’il fallait « nous mettre à l’étancher, nous devons nous y mettre tous ! »

Inscrit à l’article 49 alinéa 1 de la Constitution, le vote de confiance permet au chef du gouvernement d’engager sa responsabilité devant l’Assemblée à l’issue d’une déclaration politique suivie d’un débat et d’un scrutin. Jamais, selon l’historique cité, un Premier ministre n’avait été renversé après avoir sollicité ce type de vote sous la Ve République. Le précédent le plus proche remontait à Jean Castex, en juillet 2020, lorsque celui-ci avait affronté une motion de défiance.

Les enjeux budgétaires et les objectifs affichés

François Bayrou a rappelé que l’objectif premier de sa manoeuvre était d’obtenir un large soutien pour un plan d’économies budgétaires chiffré à 44 milliards d’euros. Dans un discours empreint de gravité, le dirigeant de 74 ans a présenté son bilan comme une « ultime épreuve de vérité » et a mis l’accent sur l’importance d’un retour à la trajectoire financière attendue par l’Union européenne.

Le Premier ministre a assuré que « notre dette n’augmentera plus » et affiché l’ambition d’atteindre, en 2029, le seuil de 3 % de déficit public annuel, repère inscrit dans les règles européennes. Ces dernières imposent, depuis les années 1990, des repères de 3 % du PIB pour le déficit public et 60 % du PIB pour la dette publique ; leur mise en oeuvre a été révisée en avril 2024 et laisse désormais davantage de marges temporaires aux États.

Bayrou a également rappelé qu’à son arrivée à Matignon en décembre 2024 il avait déjà utilisé des flexibilités introduites dans la réforme du pacte de stabilité pour se donner le temps d’ajuster la trajectoire financière. Il a justifié la nécessité de mesures structurelles, soulignant que la France « n’a pas connu de budget en équilibre depuis 51 ans » et pointant la progression des dépenses, du déficit et de l’endettement.

Réactions politiques et options pour l’exécutif

Les critiques ont afflué de tous bords. À gauche, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée, a reconnu la gravité de la situation mais fustigé un bilan qu’il juge destructeur pour le pays. À droite, Laurent Wauquiez a insisté sur la nécessité de redresser les finances publiques, et a critiqué certaines propositions jugées déconnectées des réalités économiques. L’extrême droite, menée par Marine Le Pen, est allée jusqu’à demander la convocation de nouvelles élections législatives.

Sur le plan institutionnel, la chute du gouvernement ouvre plusieurs options pour le président de la République. En application de l’article 50 de la Constitution, le locataire de Matignon remettra sa démission au chef de l’État. Le président peut alors désigner un nouveau Premier ministre issu de son camp, choisir de prolonger un gouvernement démissionnaire dans une mission de gestion courante, ou dissoudre l’Assemblée nationale et provoquer des élections anticipées.

Chacune de ces options comporte des risques. La désignation d’un nouveau chef de gouvernement sans base parlementaire solide risque de conduire à une paralysie. La gestion par un gouvernement démissionnaire limite l’action exécutive et prolonge l’incertitude. Quant à la dissolution, elle est une voie rare sous la Ve République, citée comme n’ayant été décidée que deux fois — en 1962 et au lendemain d’événements politiques récents — et elle peut redistribuer les cartes au détriment du pouvoir en place.

Enfin, au-delà de la sphère politique, le pays reste attentif aux réactions économiques et syndicales à venir. Des appels à la mobilisation ont déjà été lancés, dont un mouvement intitulé « Bloquons tout » qui vise des actions nationales le 10 septembre. La défaite du gouvernement marque une nouvelle page de la vie politique française et pose, de façon immédiate, la question de la capacité de l’exécutif à mener les réformes budgétaires annoncées dans un climat de forte contestation.

Parlons Politique

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