A quatre jours du vote de confiance à l’Assemblée nationale, le premier ministre, François Bayrou, est revenu sur son choix d’avoir sollicité ce scrutin lors du « 20 heures » de France 2. Il a déclaré qu’il ne regrettait « en aucune manière » d’avoir mis la question au débat public.
Pourquoi mettre l’avenir du gouvernement sur la table
François Bayrou a justifié sa démarche par la volonté d’alerter l’opinion sur la situation financière du pays. « Depuis des mois, la France découvre la situation que j’ai mise en évidence depuis des années : qu’elle croule sous les dettes », a-t-il expliqué, soulignant qu’aucune politique courageuse ne peut se mener sans le soutien national.
Selon lui, rendre visible la gravité des comptes publics suppose de confronter les citoyens et les élus aux choix à opérer. « Pour que les Français voient la gravité des choses, j’ai dit : “Je mets sur la table l’avenir du gouvernement”. » Cette formulation visait à clarifier l’enjeu politique du vote de confiance.
Les mesures évoquées: deux jours fériés et franchises médicales
Interrogé par Léa Salamé sur la suppression de deux jours fériés pour améliorer les finances publiques, le chef du gouvernement s’est déclaré prêt à en discuter. Il a présenté cette option comme « 10 % de l’effort qu’il faut faire », en la qualifiant de proposition susceptible d’être modifiée ou amendée.
« Ce n’est qu’une proposition, qu’on peut changer, qu’on peut bouger, qu’on peut amender », a-t-il précisé, en insistant sur la nuance entre austérité et ralentissement des dépenses. « Ce n’est pas l’austérité qu’on plaide, on plaide un ralentissement des dépenses. »
Le premier ministre a également évoqué le doublement des franchises médicales. Il a rappelé que les plafonds, établis à 50 euros par assuré et par an depuis la création du dispositif en 2008, seraient doublés, pour atteindre 100 euros chacun. Il a qualifié cette option de « mesure qui fait partie des efforts normaux pour que notre pays se sauve ».
Réaction aux mobilisations et perspective politique
Sur le plan social, François Bayrou a exprimé son inquiétude. « Je suis inquiet de la situation du pays, je suis inquiet de l’absence de prise de conscience », a-t-il dit, évoquant la nécessité d’un débat national sur l’ampleur des efforts à consentir.
Il a aussi commenté la mobilisation prévue le 10 septembre, dont la participation a été estimée à 100 000 personnes. Il a jugé ce chiffre comme « un niveau bas » au regard des mouvements sociaux en France, tout en reconnaissant que cette manifestation témoigne d’une contestation politique réelle.
Enfin, interrogé sur l’hypothèse d’une chute du gouvernement, François Bayrou a estimé qu’une dissolution de l’Assemblée ne « résoudrait absolument rien ». Il a ainsi cherché à relativiser l’option d’une recomposition politique immédiate, en rappelant son objectif premier : obtenir un mandat clair pour mener des réformes jugées nécessaires.
Dans son intervention, le premier ministre a multiplié les appels au dialogue autour de propositions qu’il décrit comme amendables. Il a mis l’accent sur la nécessité d’un soutien populaire pour permettre la mise en œuvre d’une politique jugée « courageuse », sans renoncer selon lui à une concertation sur les modalités concrètes des mesures présentées.