Une nomination éclair et une cascade de démissions
Bruno Le Maire, longtemps fustigé par une partie de la droite comme le symbole du « dérapage des finances publiques », a été brièvement nommé ministre des armées dans le gouvernement constitué par Sébastien Lecornu. L’annonce est intervenue dimanche ; lundi matin, Sébastien Lecornu a démissionné, environ une douzaine d’heures après la publication de sa composition, devenant selon le texte « le premier ministre le plus éphémère de la Ve République ». Lundi soir, Bruno Le Maire a lui aussi annoncé qu’il renonçait à participer à ce gouvernement démissionnaire « pour permettre la reprise des discussions ».
Dans le Journal officiel, mardi 7 octobre, il est précisé que « Bruno Le Maire, ministre d’Etat, ministre des armées et des anciens combattants, est, à sa demande, déchargé de l’expédition des affaires courantes ». Le même texte indique que l’intérim du ministère des armées sera assuré depuis Matignon.
Réactions politiques et effet sur Les Républicains
Le retour annoncé de l’ancien ministre de l’économie (2017-2024) au portefeuille des armées a provoqué une vive réaction à droite. Pour plusieurs dirigeants des Républicains (LR), Bruno Le Maire incarne la dérive budgétaire observée au cours des dernières années du quinquennat précédent, ce qui a accentué les tensions sur la composition du nouvel exécutif.
Le président du groupe Les Républicains, Bruno Retailleau, a contesté dimanche soir la participation de LR au gouvernement à peine celui-ci formé. Il a affirmé ne pas avoir été informé du retour de Bruno Le Maire dans l’équipe gouvernementale, et a mis en doute la présence de LR après cette annonce. Dans la communication rapportée, Retailleau indique par ailleurs que Le Maire avait accepté de revenir « toujours comme ministre de l’intérieur » — une formulation qui a contribué à la confusion entourant la composition du gouvernement.
Activités universitaires et liens avec le privé
Parallèlement, Bruno Le Maire doit reprendre des activités académiques en Suisse en tant que « professeur invité » au centre Enterprise for Society (E4S). Le texte d’origine rappelle qu’il a rejoint l’E4S en septembre 2024 pour y enseigner au sein des trois institutions du centre : l’Université de Lausanne, l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et l’IMD (International Institute for Management).
Sur son éventuelle activité de conseil, une porte-parole du groupe néerlandais ASML a indiqué mardi matin que Bruno Le Maire n’était plus consultant pour le fabricant de machines pour semi-conducteurs. Cette précision intervient après que la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) ait, en décembre 2024, estimé — sous réserve — compatible la demande de Bruno Le Maire de fournir des prestations de conseil auprès d’ASML.
La HATVP avait alors assorti son avis de recommandations de conduite : elle préconisait notamment « de s’abstenir de toute démarche, y compris de représentation d’intérêts, auprès de membres du gouvernement en exercice, ou qui l’étaient en même temps que lui ». Ces mesures visaient à éviter tout conflit d’intérêts entre ses missions publiques passées et ses engagements privés potentiels.
Précisions sur les autorisations de la HATVP
Quelques mois auparavant, en septembre 2024, la HATVP avait donné son feu vert à Bruno Le Maire pour exercer un enseignement à Lausanne « dans le domaine de l’économie politique et des relations internationales ». Cet agrément portait explicitement sur des activités académiques et sur les limites de contact avec des acteurs politiques ou institutionnels français afin de prévenir les risques de conflits d’intérêts.
Les éléments rapportés ici sont extraits des annonces officielles et des communiqués cités dans le texte d’origine : nomination puis décharge au Journal officiel, communication des représentants politiques et déclarations d’acteurs concernés (HATVP, porte-parole d’ASML, centre E4S). Là où les formulations prêtent à ambiguïté — notamment sur le portefeuille exact évoqué par certains acteurs politiques — le récit se contente de rapporter les déclarations telles qu’elles ont été rendues publiques.
Au terme de cette brève séquence, Bruno Le Maire apparaît désormais dégagé de l’expédition des affaires courantes au ministère des armées et recentré, selon les annonces, sur des missions d’enseignement en Suisse et sur des liens passés avec le secteur privé dont la continuité a été récemment démentie par l’un des groupes concernés.
La situation politique demeure toutefois imprévisible : la démission rapide de Sébastien Lecornu et les réactions des responsables de LR ont mis en lumière la fragilité des accords politiques autour de la formation gouvernementale.