Après deux années marquées par un « terrible dérapage », la France devrait clore 2025 avec un déficit public conforme aux prévisions, bien que toujours élevé. Ce retournement apparent tient autant à des mesures prises à Bercy qu’à un recul comptable inattendu venu de l’étranger.
Gel de crédits à Bercy et lecture des textes budgétaires
Les services du ministère de l’Économie et des Finances ont, selon les documents en débat, gelé plusieurs milliards d’euros de crédits en cours d’exercice. Cette pratique vise à maîtriser la dépense publique quand les recettes sont inférieures aux attentes ou quand des dépenses nouvelles pèsent sur l’équilibre budgétaire.
Députés et sénateurs ont pris connaissance de cet effet combiné en parcourant les textes budgétaires actuellement en discussion. Les ajustements lancés par Bercy expliquent en partie la trajectoire plus favorable du solde public annoncée pour la fin d’année.
Un geste inattendu venu de la Grèce
La surprise est venue d’un remboursement anticipé consenti par la Grèce. En cours d’année, Athènes a procédé au remboursement anticipé d’un montant de 1,1 milliard d’euros à la France, information portée dans les mêmes documents parlementaires.
Ce versement a suscité des remarques ironiques au palais du Luxembourg. « Nous pouvons donc remercier nos amis grecs de nous aider à résorber notre déficit », a commenté Jean‑François Husson, rapporteur général du budget au Sénat (Les Républicains, LR).
À l’Assemblée nationale, Philippe Juvin (LR) a été plus caustique lors d’une audition le 12 novembre, s’adressant à Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics : « Pensez-vous que l’on peut tirer des leçons de l’exemple grec ? »
Nature et portée de l’effet budgétaire
Le remboursement anticipé de créances étrangères a un effet immédiat sur la comptabilité de l’État : il améliore le flux de trésorerie et, à court terme, réduit le déficit constaté. Toutefois, il convient de distinguer l’amélioration comptable ponctuelle d’un redressement structurel des finances publiques.
Le texte initial ne précise pas si l’encaissement grec doit être considéré comme un élément récurrent ou exceptionnel. Sans cette distinction, l’amélioration apparente du déficit peut rester fragile et sensible aux retournements futurs.
Implications politiques et incertitudes
Sur le plan politique, l’anecdote suscite des effets de communication : récupérer 1,1 milliard d’euros permet d’afficher une trajectoire budgétaire plus contrôlée au moment où les mesures d’économies sont scrutées par l’opinion et par les partenaires européens.
Cependant, le recours à des recettes non régulières pour respecter des prévisions budgétaires interroge la soutenabilité de la stratégie fiscale et des dépenses publiques. Les sénateurs et députés, en examinant les textes, semblent conscients que l’amélioration annoncée repose sur des éléments partiellement exceptionnels.
Enfin, la manière dont la direction du budget et le ministère communiqueront ces éléments au public et aux institutions européennes déterminera en grande partie l’impact politique de ce retournement comptable.
En l’état, les faits consignés dans les documents budgétaires — gel de crédits par Bercy et remboursement anticipé de 1,1 milliard d’euros par la Grèce — expliquent la révision à la baisse du déficit attendu pour 2025. Reste à savoir si cette amélioration tiendra sur le long terme.





