Budget 2026 : après la démission de Sébastien Lecornu, le risque d’un nouveau blocage budgétaire et de perte de crédibilité pour la France

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Budget 2026 : la démission du gouvernement Lecornu menace le calendrier budgétaire et ravive les leçons de l’épisode inédit du début 2025 où l’État a fonctionné sans loi de finances. Conséquences possibles : recul des décisions, risque de creusement du déficit et perte de crédibilité auprès des marchés.

Au début de 2025, la France a traversé une période inédite depuis quarante‑cinq ans : l’État a fonctionné pendant un mois et demi sans budget voté, s’appuyant sur une « loi spéciale » au contenu strictement minimal. Ce précédent administratif et financier rend aujourd’hui plus tangible la perspective d’un nouvel écart par rapport au calendrier budgétaire habituel, alors que la démission du gouvernement Lecornu, intervenue le 6 octobre, fragilise la procédure d’adoption du projet de loi de finances attendu pour 2026.

Un épisode exceptionnel et ses enseignements

La situation vécue en début d’année — un fonctionnement prolongé de l’État sans loi de finances — a souligné les limites de la mécanique constitutionnelle en période d’instabilité politique. L’outillage juridique utilisé alors, qualifié dans le texte d’« loi spéciale » et volontairement restreint, a permis la continuité des dépenses essentielles. Mais il a aussi mis en lumière la faiblesse d’une solution d’attente : elle ne permet pas de redéfinir les priorités publiques ni d’ancrer des prévisions pluriannuelles crédibles.

Le fait que le pays n’ait pas connu une telle situation depuis quarante‑cinq ans confère à cet épisode un caractère exceptionnel. Il a par ailleurs servi d’avertissement sur les risques de report des décisions budgétaires : perte de visibilité pour l’administration, difficulté à engager des dépenses nouvelles et tension sur la crédibilité des comptes publics.

La démission du gouvernement et l’impact sur le calendrier

La démission du gouvernement Lecornu, annoncée le 6 octobre, intervient à une semaine seulement de la présentation attendue du projet de loi de finances pour 2026. Cet enchaînement place la procédure budgétaire sous forte contrainte temporelle et politique. Selon plusieurs élus consultés publiquement, la fenêtre pour déposer et faire voter un budget conforme au calendrier constitutionnel se réduit sensiblement.

« Le gouvernement était déjà ric‑rac pour déposer un budget à l’Assemblée nationale dans les temps », observe Éric Coquerel, député (La France insoumise) de Seine‑Saint‑Denis et président de la commission des finances. « Avec la démission de Sébastien Lecornu, je ne vois pas comment on peut y arriver. »

Au Sénat, le rapporteur général du budget, Jean‑François Husson (Les Républicains, Meurthe‑et‑Moselle), partage ce constat d’urgence. Il juge « grandement compromise » une adoption du budget avant le 31 décembre, sauf à « imaginer un sursaut auquel je ne crois guère », soulignant ainsi la difficulté d’un arbitrage rapide dans un contexte de recomposition gouvernementale.

Conséquences financières et scénarios possibles

La principale inquiétude porte sur le contrôle du déficit public et sur la réaction des marchés financiers. Sans loi de finances adoptée dans les délais, l’État risque de naviguer à vue et de laisser se creuser des écarts entre prévisions et exécution. Dans ce contexte, les agences et les investisseurs vigilants pourraient estimer la trajectoire des comptes publics moins crédible et en tenir compte dans leurs évaluations et leurs décisions.

Les solutions techniques existent : prolongation de mécanismes provisoires, adoption d’un budget minimal, ou vote retardé après formation d’un nouvel exécutif. Mais chacune comporte des coûts politiques et financiers. Une adoption tardive du budget limitera le temps disponible pour des débats parlementaires approfondis et pour la mise en œuvre d’ajustements jugés nécessaires par les uns ou les autres.

Enfin, au‑delà des équilibres comptables immédiats, une répétition de ces situations exceptionnelles pourrait éroder la confiance des acteurs économiques et compliquer la planification des administrations et des collectivités. Le débat public s’annonce donc centré sur la capacité des institutions politiques à garantir à la fois la continuité des services publics et la maîtrise des comptes.

Sans certitude sur l’issue de la crise politique en cours, plusieurs élus et observateurs restent attentifs aux délais constitutionnels et aux marges de manœuvre politique disponibles. Le prochain épisode budgétaire déterminera si l’expérience du début de 2025 demeure un accident isolé ou le signe d’un nouveau rythme d’instabilité pour les finances publiques.

Parlons Politique

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