Le lundi 25 août, le Premier ministre français s’est adressé aux Français lors d’une conférence de presse annoncée deux jours plus tôt. L’intervention visait à clarifier la situation à l’ouverture de la rentrée politique et à détailler les orientations du gouvernement face à l’endettement et au déficit publics.
Objectif chiffré : 43,8 milliards d’euros d’économies
Le chef du gouvernement a rappelé l’objectif de réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies pour « sortir du piège mortel du déficit et de la dette », affirmation appuyée par François Bayrou le 15 juillet dernier. Parmi les pistes évoquées figure la suppression de deux jours fériés — le 8 mai et le lundi de Pâques —, mesure présentée comme susceptible d’engendrer environ 4,2 milliards d’euros d’économies par an, soit près de 10 % du total attendu selon le chiffrage gouvernemental.
Matignon a également proposé d’autres mesures visant à maîtriser les dépenses : augmentation des franchises médicales, gel des prestations sociales et des barèmes fiscaux en 2026, sans indexation sur l’inflation. Ces éléments ont été qualifiés de « discutables » par François Bayrou, qui a insisté sur la nécessité de ne pas se limiter à un inventaire de mesures isolées.
Débat public et calendrier politique
Le gouvernement souhaite recentrer le débat sur la « nécessité vitale de dépenser moins et de produire plus », pour permettre au pays de retrouver l’équilibre de la dette d’ici à 2029. Face à la crainte d’une motion de censure et à des appels à bloquer le pays le 10 septembre, François Bayrou a annoncé qu’il engagerait la responsabilité du gouvernement le 8 septembre lors d’une session extraordinaire au Parlement.
Il a précisé que, s’il obtenait la confiance, un débat serait ensuite organisé sur les mesures contenues dans le budget 2026. Cette séquence politique place donc au centre la question de la gravité de la situation et du choix de la trajectoire à suivre pour « échapper à cette malédiction », selon ses propres termes.
La dette au cœur des inquiétudes
Le Premier ministre a rappelé l’ampleur du phénomène : « Depuis la guerre, la France n’a jamais été aussi endettée qu’elle ne l’est aujourd’hui », a‑t‑il déclaré lors de son discours de politique générale en janvier. Il a qualifié la dette d’« épée de Damoclès » au‑dessus du pays et de son modèle social.
Entré en fonction le 13 décembre 2024, le nouveau chef du gouvernement avait fixé un objectif de déficit à 5,4 % du PIB en 2025, puis à moins de 3 % en 2029, « conformément aux engagements européens ». Il a rappelé que, sur les deux dernières décennies, la dette publique s’est accrue de 2 000 milliards d’euros et que « chaque heure de chaque jour et de chaque nuit » ces vingt dernières années a augmenté la dette de 12 millions d’euros supplémentaires, soulignant la chronicité de la dépendance à l’emprunt.
Selon ses estimations, la charge de la dette constituera cette année « le budget le plus important de la nation », les annuités à rembourser devant être plus lourdes que le budget de l’Éducation nationale ou que celui des armées.
Contexte européen et international
Le Premier ministre a inscrit l’effort budgétaire dans un cadre international perturbé. Il a évoqué un contexte « particulièrement pesant » : dérèglements planétaires, violation du droit international, et usages de la force par certains États, citant notamment l’intervention russe en Ukraine et les conflits au Moyen‑Orient.
François Bayrou a également pointé les difficultés de l’Europe, « trop souvent divisée », et cité des exemples historiques de pays ayant été « rattrapés » par la crise : la Suède dans les années 1990, puis la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal dans les années 2000. Il a par ailleurs mentionné la chute rapide de l’ex‑première ministre britannique Liz Truss pour illustrer le risque politique lié à des décisions économiques mal reçues.
Sur le plan européen, il a rappelé les critères du pacte — déficit public inférieur à 3 % du PIB et dette publique inférieure à 60 % du PIB — et indiqué que ces règles avaient été révisées en avril 2024, offrant des marges de manœuvre temporaires afin de revenir progressivement à l’objectif commun.
En conclusion de son intervention, le Premier ministre a insisté sur l’urgence d’une stratégie globale, mettant en garde contre les seules « mesures isolées » et réaffirmant la volonté du gouvernement d’engager un large débat parlementaire si la confiance lui était accordée.