Sur le plateau de France 2, la scène a pris des allures d’aveu public : Eric Lombard, présenté comme le ministre de l’économie, affiche « la mine gênée du mauvais élève », rappelait le présentateur. Samedi 13 septembre, Laurent Delahousse a recadré les faits : en l’espace de cinq jours, le projet de budget porté par François Bayrou a provoqué une crise politique, et l’agence Fitch a retiré son « double A » à la France, estimée incapable de redresser sérieusement ses comptes.
Un ministre contraint à la contrition
Sur le plateau, le locataire de Bercy a tenu un ton explicite de contrition. Interrogé sur les objectifs d’économies, il a admis : « A l’évidence, cet effort doit être réduit », en référence aux 44 milliards d’euros de réduction du déficit initialement inscrits dans le projet.
Les propositions fortes du texte ont été passées en revue. La suppression de deux jours fériés, qui figurait parmi les mesures les plus remarquées, a été jugée politiquement inacceptable : « Ça ne passait pas dans l’opinion publique », a reconnu l’intéressé, citant en exemple la décision de Sébastien Lecornu, qui « a eu raison » d’y renoncer.
Malgré ces concessions, Eric Lombard a exprimé une volonté de trouver une issue : « Je suis convaincu qu’il y a un chemin ». Il n’a toutefois pas garanti de rester personnellement associé à la suite de l’élaboration budgétaire, laissant entendre que sa participation à l’aventure restait incertaine.
Un agenda budgétaire bouleversé
La séquence de l’été est décrite comme une mise à la poubelle d’un texte pourtant abouti. Le projet de budget, dessiné mi-juillet, avait été jugé suffisamment avancé pour être transmis au Conseil d’État en vue d’un avis juridique. Le calendrier prévoyait ensuite l’examen par le Haut Conseil des finances publiques, puis le dépôt du projet sur le bureau de l’Assemblée nationale « au plus tard le 7 octobre », conformément à la loi.
La crise politique a interrompu ce processus. Le document initial ne sera pas présenté en l’état : le nouveau Premier ministre souhaite déposer son propre texte budgétaire. Avant même de constituer un gouvernement, il souhaite négocier les grandes lignes du budget avec les partis politiques susceptibles de l’adopter, ce qui redessine le calendrier et la méthode.
Conséquences et enjeux
La succession rapide d’événements — crise gouvernementale, retrait du « double A » par Fitch, recul sur certains arbitrages — illustre la fragilité du chemin vers un compromis budgétaire. Le retrait d’une notation, mentionné au cours de l’entretien, est présenté comme un signal de défiance sur la capacité de redressement des comptes publics ; le gouvernement devra donc réconcilier ambitions de consolidation et acceptabilité politique.
La révision des 44 milliards d’économies et l’abandon de mesures socialement sensibles, comme la suppression de jours fériés, montrent l’espace restreint des arbitrages possibles. Le nouveau processus annoncé, qui place la négociation avec les partis avant la formation du gouvernement, laisse entrevoir une méthode plus consensuelle — mais aussi plus incertaine quant à la rapidité d’adoption du texte.
Pour l’instant, les échéances légales restent en toile de fond : le dépôt du projet au plus tard le 7 octobre était la date butoir évoquée dans le texte d’origine. La modification du calendrier et la rédaction d’un nouveau projet par le Premier ministre en exercice modifieront nécessairement le rythme de travail des autorités administratives et financières mentionnées, notamment le Conseil d’État et le Haut Conseil des finances publiques.
Sur le plan politique, la scène télévisée met en lumière une réalité simple : la construction d’un budget ne tient plus seulement à des chiffres, mais à une acceptabilité politique et médiatique. Les propos d’Eric Lombard traduisent cet équilibre délicat entre contraintes budgétaires et équilibres politiques, et posent la question de la crédibilité financière de l’exécutif après la succession d’événements décrits.
La période à venir devrait être marquée par des négociations intenses entre l’exécutif et les formations parlementaires, ainsi que par une attention renforcée des autorités de notation et des institutions chargées de l’évaluation juridique et technique du texte. Le calendrier et la forme finale du budget 2026 dépendront de ces arbitrages politiques et techniques, dont la télévision a offert un premier aperçu lors de cet échange public.