Le Parti socialiste (PS) a présenté, samedi 30 août à Blois, un budget alternatif visant à alléger le déficit public de manière plus progressive que la proposition du gouvernement. La copie socialiste table sur une réduction de 21,7 milliards d’euros pour 2026 — soit la moitié de l’effort jugé nécessaire par François Bayrou, estimé à 44 milliards — et affiche l’ambition d’un déficit ramené à 5 % du PIB en 2026, puis à 2,8 % en 2032.
Des choix budgétaires moins contraignants
Le PS propose de « diviser l’effort par deux » par rapport au plan présenté par François Bayrou, formule reprise par le chef des députés, Boris Vallaud. Selon le parti, une trajectoire de redressement plus progressive permettrait d’éviter ce qu’il qualifie de « budget de souffrance » tout en restant orientée vers la réduction des déséquilibres publics.
Le calendrier chiffré retenu par les socialistes prévoit que le passage sous le seuil symbolique des 3 % de déficit interviendrait en 2032, soit plus tard que dans la trajectoire de M. Bayrou, où ce seuil serait atteint en 2029. Ces dates et ces niveaux figurent au cœur de la comparaison entre les deux approches budgétaires.
Mesures pour le pouvoir d’achat et retraite
Sur le pouvoir d’achat, le PS inclut dans son projet une baisse ciblée de la CSG « entre 1 et 1,4 SMIC », formulée par Boris Vallaud comme une mesure destinée à épargner les ménages modestes. L’objectif affiché est d’alléger immédiatement la pression sur les revenus disponibles des foyers les plus vulnérables.
Concernant les retraites, le parti demande la « suspension immédiate de la réforme des retraites » en cours. Il propose ensuite de confier aux partenaires sociaux la négociation des modalités et du financement d’un retour à la retraite à 62 ans, indique le texte de présentation. Cette double séquence — suspension puis négociation — est présentée comme une manière de redéfinir la réforme dans le cadre du dialogue social.
Un plan de financement centré sur la justice sociale
Pour financer ces choix, le PS table sur un plan combinant économies et recettes nouvelles. Le volet économies représenterait 14 milliards d’euros et repose notamment sur une réduction des aides aux grandes entreprises, des économies sur le fonctionnement de l’État et une régulation du système de santé.
Côté recettes, le parti prévoit 26,9 milliards d’euros. La « première pierre angulaire » de ces recettes est, selon la députée Estelle Mercier, « une contribution de 2 % sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros ». Cette mesure, dite « Zucman » en référence à l’économiste Gabriel Zucman qui en a théorisé le principe, toucherait 0,01 % des Français et « pourrait rapporter 15 milliards d’euros », a insisté Mme Mercier.
Le projet comporte également un volet de relance industrielle et d’accompagnement de la transition écologique, chiffré à 10 milliards d’euros. Le PS présente ce montant comme un effort pour soutenir la « souveraineté » économique et préparer les secteurs à la transformation écologique.
Dimension politique et calendrier
Au dernier jour des universités d’été socialistes à Blois, Boris Vallaud a résumé la posture du parti : « Il nous faut d’évidence reprendre la main » face, selon lui, au « budget de souffrance » proposé par le gouvernement. Le PS annonce qu’« dès la semaine prochaine, nous rencontrerons nos partenaires de gauche pour discuter de ces propositions » et qu’il se tournera également « vers les députés qui ont été élus dans l’élan du front républicain » pour tenter de constituer une majorité en faveur de ce budget.
Le document présenté à Blois combine des choix politiques clairs et des chiffrages précis. Il met l’accent sur une correction des comptes publics jugée plus progressive, le soutien au pouvoir d’achat des ménages modestes, la reprise du débat sur l’âge légal de départ à la retraite et la taxation accrue des très grands patrimoines pour financer une partie des mesures.
Les prochaines semaines seront consacrées aux discussions avec les partenaires de gauche et aux tentatives d’agrégation d’une majorité parlementaire. Le PS expose ainsi une feuille de route budgétaire alternative, articulée autour de la justice sociale et d’un redressement des comptes perçu comme moins brutal que celui proposé par l’exécutif.