Edouard Philippe, président du parti Horizons, a cherché à s’extraire de la séquence budgétaire en choisissant un format long pour défendre sa candidature à l’élection présidentielle. Invité de l’émission « Objectif 2027 » sur LCI, lundi 8 décembre, il a accordé plus de trois heures d’entretien, un exercice où il est apparu plus à l’aise que lors de ses dernières interventions médiatiques.
Un candidat à l’aise dans les formats longs
Le format prolongé de l’émission a permis à l’ancien Premier ministre d’exposer son projet et ses analyses sans être souvent interrompu. Ce choix télévisuel reflète une stratégie connue : privilégier des rendez‑vous étendus pour développer des propositions et répondre en détail aux critiques. Au cours des échanges, il a paru retrouver une hauteur de discours et une maîtrise du tempo qui avaient marqué sa première carrière ministérielle.
Cette manière de faire représente cependant un pari politique. Elle offre du temps pour convaincre, mais expose aussi le candidat à des rafales de questions sur des dossiers sensibles, parmi lesquels le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui devait être discuté à l’Assemblée nationale.
La question du PLFSS et la position d’Horizons
À la veille d’un vote incertain sur le PLFSS, Edouard Philippe n’a pas pu échapper aux demandes de clarification sur la position de son groupe parlementaire. Une semaine plus tôt, son annonce selon laquelle ses députés ne soutiendraient pas le budget de la « Sécu » avait fragilisé l’adoption du texte et creusé une brèche dans le « socle commun » censé rassembler plusieurs forces politiques autour des finances sociales.
Pour ménager une sortie qui évite, selon lui, de paralyser totalement le gouvernement, il a annoncé qu’il proposerait aux 34 députés Horizons et apparentés de s’abstenir lors du scrutin. Cette décision devait être entérinée en réunion de groupe mardi matin, en sa présence, a‑t‑on précisé. Sur le fond, il a défendu la cohérence des choix portés par son parti tout en soulignant la nécessité de ne pas fermer toutes les portes au dialogue parlementaire.
Réponses aux critiques et maintien d’une ligne
Edouard Philippe a aussi répondu aux critiques personnelles. Après son appel, en octobre, à une démission programmée d’Emmanuel Macron — geste qui avait suscité de nombreuses réactions — il s’est efforcé de défendre la ligne stratégique d’Horizons. Il a notamment rejeté l’étiquette d’« ingénieur du chaos » que lui a adressée Olivier Faure, affirmant n’avoir « jamais voulu que le gouvernement de Sébastien Lecornu tombe ». Cette précision vise à dissocier la critique politique des intentions de déstabilisation.
Le chef d’Horizons a tenté de concilier fermeté et responsabilité : il a rappelé que contester un texte budgétaire ne revenait pas nécessairement à vouloir provoquer une crise gouvernementale. Dans son exposé, il a cherché à réaffirmer que l’action parlementaire de son groupe repose sur des principes et des arbitrages programmatiques plutôt que sur des tactiques de rupture.
Restent cependant des questions politiques : la possibilité d’un vote divisé à l’Assemblée, l’ampleur de la marge de manœuvre du gouvernement et les répercussions de cette posture pour la suite de la campagne présidentielle. Le choix de l’abstention, s’il est confirmé en réunion de groupe, devrait permettre de limiter l’impact immédiat sur l’adoption du PLFSS, tout en maintenant la visibilité d’Horizons sur le dossier.
Sur le plan médiatique, l’intervention longue sur LCI montre qu’Edouard Philippe mise sur la démonstration d’une maîtrise technique et sur la construction d’un récit de crédibilité. Politique, cette démarche vise à convaincre des électeurs et des cadres qui recherchent une alternative structurée, mais elle expose aussi le candidat à des critiques sur la cohérence entre posture publique et décisions parlementaires.
La suite dépendra en grande partie de la réunion de groupe, de la tenue du vote à l’Assemblée et des réactions des partenaires politiques. Dans l’immédiat, Edouard Philippe a choisi de tempérer la confrontation pour préserver une marge de manœuvre politique tout en affirmant la singularité de la ligne d’Horizons.
