Absence d’accord et calendrier des scrutins
La réunion des 11 présidents de groupe à l’Assemblée nationale, tenue lundi 29 septembre, n’a pas produit d’accord sur une liste commune de candidats pour le renouvellement du bureau. Les élus se trouvent donc contraints de recourir à une série de votes programmés les 1er et 2 octobre pour désigner une vingtaine de membres du bureau du Palais-Bourbon.
Ces votes porteront notamment sur les six vice-présidents et les douze secrétaires, postes qui composent une part significative de la plus haute instance collégiale de l’Assemblée. L’absence de consensus signifie que la désignation se fera à la majorité, séance par séance, selon les règles internes de l’institution.
Le retour du RN, point de crispation
Les tensions sont aujourd’hui concentrées autour du retour du Rassemblement national (RN) au bureau de l’Assemblée. Le parti de Marine Le Pen occupait des sièges au bureau après les élections législatives de 2022, puis en a été écarté après celles de 2024 — décision qui concerne également le MoDem et les troupes d’Éric Ciotti, autre allié du RN.
Le groupe RN réclame la restitution des places qui, selon lui, lui reviennent « conformément au règlement de l’institution ». En face, la gauche, majoritaire au bureau depuis 2024, s’oppose frontalement à ce retour et affirme que « le front républicain des électeurs devait se transposer au sein du bureau ». Cette divergence de principes explique en grande partie l’impossibilité d’un accord de répartition préalable.
Propositions et lignes de fracture
Plusieurs groupes ont exprimé leur préférence pour une répartition des postes proportionnelle au poids politique de chaque bloc. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), a proposé d’attribuer deux postes de vice-président à chacune des trois coalitions représentées à l’Hémicycle et d’assurer à chaque groupe au moins un poste de secrétaire.
Cette proposition vise à garantir une représentation transversale et à limiter les frictions institutionnelles. Elle bute toutefois sur l’exigence des partis du Nouveau Front populaire (NFP) — qui désirent présenter au minimum leurs trois candidats sortants pour des fonctions de vice-présidence — ce qui appelle un vote et rend l’issue incertaine.
Ce que signifient les scrutins à venir
Les élections internes, réparties sur deux jours, devraient à la fois trancher les équilibres politiques et révéler les arrangements possibles entre groupes. Elles permettront de mesurer la capacité de la présidence de l’Assemblée à forger des compromis autour d’une gouvernance collégiale acceptée par une majorité suffisante.
En l’absence de consensus préalable, chaque vote sera un indicateur : il renseignera sur la disposition des groupes à faire des concessions, sur la cohésion des coalitions et sur l’aptitude des nouveaux et anciens présidents de groupe à peser lors des négociations.
Scénarios et enjeux pratiques
Plusieurs scénarios restent possibles. Un accord de dernière minute entre coalitions pourrait limiter les batailles internes, tandis qu’une compétition serrée risque d’entraîner des résultats par défaut, avec des élus choisis en fonction d’alliances ponctuelles plutôt que d’une logique d’ensemble. Dans tous les cas, la composition du bureau conditionnera l’organisation des travaux parlementaires et des commissions, ainsi que la gestion des débats à l’Assemblée.
Les prochains jours seront donc déterminants pour fixer les équilibres institutionnels. Les 1er et 2 octobre serviront de litmus test à la fois pour la volonté de représentativité des forces politiques et pour la capacité des responsables de l’Assemblée à préserver son fonctionnement collectif malgré des lignes de fracture marquées.