Camp très droitier : enquête parlementaire sur la neutralité de France Télévisions, Radio France et le CNC visant à reconfigurer financement et gouvernance

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Le camp très droitier lance une offensive institutionnelle contre l’audiovisuel public : une commission d’enquête sur la « neutralité » de France Télévisions et Radio France (auditions jusqu’en mars 2026), dirigée par un rapporteur proche d’Éric Ciotti, passera au crible programmes, invités, publications sur X et contenus artistiques. Au-delà des critiques budgétaires, cette stratégie — qui vise aussi le CNC via un amendement — étend la bataille culturelle aux institutions et pourrait peser sur le financement, la gouvernance et la régulation, tout en suscitant des accusations de politisation et de méthodes instrumentalisées.

Par petites touches tonitruantes, le camp très droitier, de Marine Le Pen à Éric Ciotti, redessine sa conception de la culture et de l’audiovisuel public. Jusqu’ici, la critique se concentrait surtout sur le coût et le supposé entre-soi des financements publics. Elle vise désormais aussi les contenus et les œuvres, avec un objectif explicite : contester ce qui est perçu comme des discours insultant une partie de la population.

Une commission d’enquête axée sur la « neutralité »

La nouvelle approche culturelle se matérialise dans la commission d’enquête sur l’audiovisuel public, dont les auditions ont été engagées à l’Assemblée nationale mardi 25 novembre. Trente-et-un députés sont chargés, jusqu’en mars 2026, d’examiner « la neutralité, le fonctionnement et le financement » de France Télévisions et de Radio France.

Le terme « neutralité » est, de fait, le fait nouveau de ce mandat. La commission se présente toutefois avec un profil politique marqué : son rapporteur est Charles Alloncle (Union des droites pour la République, UDR), décrit comme un proche d’Éric Ciotti et allié du Rassemblement national (RN). Ce positionnement nourrit les débats sur l’impartialité de la démarche.

Sur quoi porteront les auditions ?

Les auditions devraient porter sur une palette de sujets concrets. Les députés s’annoncent prêts à analyser les programmes, le profil des invités, des prises de parole sur les réseaux sociaux — notamment le réseau X — ainsi que certains contenus humoristiques et artistiques. L’objectif affiché par les initiateurs est d’identifier des biais supposés au sein des chaînes et stations publiques.

Cette lecture est loin d’être partagée. Pour certains opposants, la radio et la télévision publiques jouent un rôle d’information et d’expression pluraliste. Aymeric Caron (La France insoumise), cité dans les discussions, considère pour sa part que l’audiovisuel public fait office de « porte-voix du gouvernement », formule qui reflète le clivage politique sur la nature et la mission du service public.

De la critique du budget aux attaques sur les institutions

Le calendrier de la commission suit une offensive politique plus large lancée par la droite nationale. À la mi-octobre, le député RN de la Somme, Matthias Renault, a déposé un amendement au projet de loi de finances pour 2026 visant à supprimer le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). L’amendement proposait de reprendre à l’État la moitié des quelque 850 millions d’euros de taxes perçus auprès de la filière, pour les réaffecter au budget de l’État.

Cette initiative illustre l’élargissement de la cible politique : il ne s’agit plus seulement de contester des dépenses publiques, mais de remettre en cause des institutions et des mécanismes de soutien culturel jugés favorables à des esthétiques ou à des positions politiques déterminées.

Des méthodes de contrôle qui interrogent

Dans la pratique, la démarche suscite des questions sur les méthodes et sur leur finalité. Les critiques redoutent une lecture instrumentalisée des archives d’antenne, où la compilation de propos isolés pourrait servir à démontrer un biais structurel. Les partisans, eux, estiment au contraire qu’il est légitime de vérifier la neutralité d’organismes financés par l’impôt.

Les débats à l’Assemblée refléteront ces tensions. Au-delà des termes, c’est la définition même de la neutralité et des critères de jugement — équilibre des invités, pluralité des points de vue, traitement des sujets sensibles — qui sera au centre des auditions.

Les conclusions de la commission, attendues après mars 2026, auront des conséquences potentielles sur les orientations budgétaires, la gouvernance des chaînes et la régulation du secteur. Elles pourraient aussi nourrir des propositions de réforme plus larges, qu’il faudra alors analyser au cas par cas.

La mise en lumière de ces enjeux met en évidence un tournant politique : la bataille culturelle s’inscrit désormais dans des mécanismes institutionnels, à travers des commissions et des amendements, plutôt que seulement dans la critique publique des dépenses. La manière dont ces instruments seront utilisés et perçus restera, elle, fortement tributaire des positions partisanes de leurs promoteurs et de leurs opposants.

Parlons Politique

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