Vendredi 19 septembre à 20 h 30, Le Monde propose un « grand quiz » animé autour d’une série de questions sur la capacité du journal à anticiper l’avenir. L’équipe invitée pour cette soirée mêle acteurs publics et spécialistes : Clément Beaune, haut‑commissaire à la stratégie et au plan ; Salomé Saqué, journaliste et autrice ; Cécile Wendling, prospectiviste et chercheuse en sciences sociales ; et Hugues de Jouvenel, fondateur et rédacteur en chef de la revue Futuribles.
La planification comme outil face aux incertitudes
La planification a longtemps été présentée comme un moyen de réduire l’imprévisible. « Réducteur d’incertitude », écrivait Pierre Massé, commissaire général au plan sous le général de Gaulle. Cette formule rappelle que, face à des chocs ou des ruptures, établir des trajectoires et des cadres d’action vise à limiter l’effet d’improvisation sur la décision publique.
À l’heure actuelle, les incertitudes sont multiples : réarmement mondial, urgence climatique, révolutions technologiques remodelant les économies et les sociétés. Dans ce contexte, la nécessité de fixer des orientations à moyen et long terme paraît d’autant plus pressante que l’environnement international et environnemental évolue rapidement.
Plus de documents stratégiques, mais moins d’effet coordonné
Contrairement à une idée reçue, la planification n’a pas totalement disparu : la France dispose aujourd’hui d’un ensemble dense de documents stratégiques — stratégie nationale bas carbone (SNBC), lois de programmation militaire (LPM), scénarios de mix énergétique, et engagements européens sur le climat ou le numérique — qui visent à encadrer les trajectoires publiques.
Pourtant, la simple multiplication de ces instruments ne suffit pas. Multipliés et souvent juxtaposés, ces documents tendent à perdre de leur force opérationnelle. Sans hiérarchie claire ni mécanisme d’arbitrage entre objectifs concurrents, les trajectoires peuvent rester lettre morte ou entrer en conflit.
La dispersion des outils s’accompagne d’une dispersion des acteurs : décentralisation renforcée, niveaux territoriaux plus nombreux et intégration des politiques au niveau européen ont contribué à fragmenter les responsabilités. Cette dilution des compétences a affaibli, selon le diagnostic, l’État planificateur traditionnel.
Les raisons de la faiblesse opérationnelle
Plusieurs facteurs expliquent pourquoi les documents stratégiques peinent parfois à produire leurs effets. Le court‑termisme politique et la pression de l’urgence limitent la capacité des gouvernants à suivre des trajectoires longues. Les cycles électoraux favorisent des décisions visibles à court terme, au détriment de mesures structurelles dont les résultats n’apparaissent que sur plusieurs années.
Sur le plan administratif, la cohabitation de cadres différents — plans nationaux, directives européennes, schémas régionaux — engendre des chevauchements et des imprécisions sur la répartition des responsabilités. Enfin, l’absence fréquente d’indicateurs de suivi partagés et d’évaluations indépendantes rend difficile la mesure de l’application effective des stratégies.
Ce constat n’invalide pas pour autant l’intention de planifier. Il souligne plutôt la nécessité d’un travail de clarification : hiérarchisation des objectifs, articulation des niveaux de décision et renforcement des mécanismes de suivi sont des enjeux récurrents dans les débats sur la modernisation de la planification publique.
Perspectives et débat public
Le quiz organisé par Le Monde réunit des personnalités aux parcours complémentaires, qui permettront d’explorer ces tensions entre ambitions stratégiques et réalités institutionnelles. Les échanges promettent d’aborder la manière dont les médias et les acteurs publics évaluent leurs propres capacités à anticiper et à infléchir le cours des choses.
Au‑delà de l’exercice de prédiction, la discussion mettra en lumière des questions structurantes : comment concilier exigences européennes et besoins nationaux ? Quels mécanismes garantir pour que les plans ne restent pas des déclarations d’intention ? Comment rendre la planification plus lisible pour les citoyens et plus opérante pour les administrateurs ?
Le rendez‑vous du 19 septembre apparaît ainsi comme une occasion de mesurer, publiquement, les écarts entre diagnostics et mises en œuvre. Il invitera à réfléchir aux moyens de réconcilier orientation stratégique et capacité d’exécution dans un monde marqué par l’incertitude.