CNC : protéger l’accès universel au cinéma, la diversité et 200 000 emplois face aux remises en cause du financement par amendements

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Menacé par des amendements au projet de loi de finances, le modèle de financement du cinéma français porté par le CNC — financé par la filière (billets, plateformes, publicité) et non par l’impôt — protège la souveraineté culturelle, l’accès aux salles, la diversité des œuvres et plus de 200 000 emplois. Débat vif sur le coût du crédit d’impôt et les priorités de financement : quelle architecture garantit le mieux l’accès de tous à la culture ?

Nous sommes cinéastes. Nous tournons dans des villes, des villages, des quartiers populaires. Nous filmons des visages inconnus comme des acteurs reconnus. Nous racontons des histoires, des territoires, des passions et des émotions. Si nous pouvons le faire, c’est grâce à un modèle singulier porté par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).

Alors que le projet de loi de finances est examiné, ce modèle est aujourd’hui attaqué. Plusieurs amendements proposent de réduire ou de supprimer le CNC, présenté par certains comme une « gabegie » ou un financeur de « films non rentables ». Ces critiques relancent le débat sur le rôle de l’institution et sur ce qu’elle protège : la souveraineté culturelle et l’accès de tous aux œuvres.

Un financement indépendant du budget de l’État

Le CNC ne coûte pas un euro au budget de l’État, souligne le secteur. Il est financé par le cinéma lui‑même : les billets de cinéma, les abonnements des plateformes, les recettes publicitaires et les fournisseurs d’accès participent au financement. Dans ce modèle, chaque séance contribue à financer les films de demain, sans recourir à l’impôt général.

Cette structure de financement repose sur une logique cyclique : la consommation d’œuvres alimente la production future. La formule permet, selon ses défenseurs, de préserver une marge de manœuvre créative et financière face à des acteurs étrangers souvent dominants sur les marchés mondiaux.

Un réseau de salles et un accès large aux œuvres

Le CNC soutient également un maillage de salles jugé essentiel. La France dispose, toujours selon les chiffres avancés par le secteur, de plus de 6 300 écrans, des multiplexes aux salles de village en passant par les cinémas de quartier et les circuits itinérants. Ce réseau permet un accès public au cinéma en ville comme en zone rurale.

La salle reste, pour beaucoup, un lieu collectif et intergénérationnel. Elle permet de voir un film pour quelques euros, sans intermédiaire algorithmique. Pour les professionnels du secteur, préserver cet accès est au cœur des enjeux : il conditionne la diversité des publics et la circulation des œuvres.

Un pilier industriel et social

L’autre pilier du modèle est le crédit d’impôt, qualifié par certains détracteurs de « luxe culturel », mais défendu par ses partisans comme une politique industrielle stratégique. L’argument avancé est simple : un euro de dépense fiscale génère plusieurs euros de dépenses en France.

Derrière chaque film, il y a des auteurs, des techniciens et des artistes, ainsi que des centaines d’autres métiers en lien direct avec la production. Le secteur évoque plus de 200 000 emplois directs qui bénéficient, selon lui, de l’activité cinématographique et audiovisuelle. À ces emplois s’ajoutent des retombées pour l’hôtellerie, la restauration, le transport et le commerce local.

Ce raisonnement place le cinéma non seulement comme une activité culturelle, mais aussi comme un vecteur économique et social. Les soutiens publics et les mécanismes de redistribution permettent, selon les promoteurs du modèle, de maintenir une diversité de productions qui ne seraient pas toutes viables dans un marché strictement commercial.

Face aux propositions de réforme, les professionnels rappellent l’originalité et les finalités du système : protéger la création nationale, garantir l’accès aux salles et soutenir un tissu professionnel large. Les discussions à l’Assemblée autour du projet de loi de finances devraient préciser l’avenir de ces dispositifs et le périmètre des économies envisagées.

Sans entrer dans des prévisions, il apparaît que le débat porte moins sur l’existence d’une politique culturelle que sur ses modalités de financement et ses priorités. Les défenseurs du modèle appellent à garder une vision globale des effets économiques et culturels, tandis que les partisans de la réforme dénoncent des coûts jugés injustifiés pour certains.

Le cinéma, comme industrie et comme bien public, se trouve au cœur de ce débat de société. La question posée est simple : quelle architecture de soutien garantit le mieux la diversité des œuvres et l’accès de tous à la culture ?

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