Commission d’enquête sur l’audiovisuel public : après un mois d’auditions, tensions, extraits sur les réseaux et liens politiques jettent le doute sur sa neutralité

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Après un mois d’auditions, la commission d’enquête sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public est déjà contestée : ton des débats, diffusion d’extraits sur les réseaux sociaux et liens politiques alimentent des soupçons d’instrumentalisation et d’atteinte à l’impartialité.

Au bout d’un mois d’auditions, la commission d’enquête sur « la neutralité, [au] fonctionnement et [au] financement de l’audiovisuel public » suscite déjà des réserves sur sa méthode et son objectif. Le rythme et le ton des auditions ont donné lieu à des critiques internes, tandis que certains observent que ces travaux risquent de peiner à améliorer l’image d’une Assemblée nationale pointée pour son incapacité à adopter un budget dans les délais impartis.

Origine et organisation des auditions

Créée le 28 octobre à l’initiative du groupe de l’Union des droites pour la République (UDR), allié du Rassemblement national, la commission a commencé ses auditions le 25 novembre. Son rapporteur, Charles Alloncle, s’est rapidement trouvé au cœur de polémiques : son style d’interpellation, jugé vif par plusieurs invités, a provoqué des interventions du président de la commission, Jérémie Patrier‑Leitus (Horizons), et un rappel à l’ordre de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun‑Pivet.

Ces tensions portent en partie sur la manière dont les auditions sont conduites et médiatisées. Des membres de la commission, notamment à gauche, ont évoqué une atmosphère proche du « maccarthysme » et s’interrogent sur la pertinence de prolonger des travaux perçus comme partisans.

Le rôle des réseaux sociaux et la question de l’impartialité

Plusieurs exemples ont nourri ces critiques. Des extraits d’auditions ont été diffusés quasi en temps réel sur le compte X du rapporteur, parfois sous forme de montages jugés orientés. Lors de l’audition du journaliste Patrick Cohen, le 18 décembre, la publication d’un montage relatif au drame survenu à Crépol (Drôme) en 2023 a été citée comme démonstration de cette pratique.

Le problème ne se limite pas au format : il concerne aussi le présupposé des questions. Selon des observateurs, les interrogations exprimées par le rapporteur laissaient peu de doute sur ses convictions, ce qui alimente le sentiment d’une instruction menée davantage pour discréditer certains acteurs de l’audiovisuel public que pour en dresser un bilan objectif.

Une offensive politique contre l’audiovisuel public

Plusieurs éléments suggèrent que la commission s’inscrit dans une offensive politique plus large. Le Rassemblement national a affiché, via une pétition lancée le 24 septembre, sa volonté de réformer — voire de privatiser — un secteur qu’il décrit comme un « système verrouillé, militant, où l’hégémonie de la gauche est totale ». Ces propos figurent dans le texte de la pétition citée lors des débats.

Parallèlement, la controverse a été nourrie par des révélations publiées le 5 septembre par le média L’Incorrect. Ce titre a diffusé un extrait d’une conversation privée entre Patrick Cohen et Thomas Legrand, enregistrée sans leur consentement et présentée comme la preuve d’un biais à l’encontre d’une candidate de la droite pour la mairie de Paris, en l’occurrence la ministre de la Culture, Rachida Dati.

La diffusion répétée de ces éléments par des médias appartenant à l’écosystème du milliardaire Vincent Bolloré a renforcé la pression contre le service public. Dans ce paysage, des informations sur d’autres enregistrements clandestins ont été évoquées, ce qui a contribué à polariser le débat autour de l’indépendance des journalistes et de la légitimité des attaques.

Entre contrôle légitime et instrumentalisation

Il est incontestable que le service public, financé par l’impôt, doit rendre des comptes sur son fonctionnement et sa gestion. L’existence d’une commission d’enquête répond à ce principe de contrôle démocratique et à la nécessité d’examiner la neutralité et le financement des médias publics.

Toutefois, plusieurs élus et observateurs estiment que l’enquête prend des allures d’outil d’affaiblissement plutôt que de réforme. À leurs yeux, l’objectif réel de certains acteurs n’est pas tant d’améliorer le pluralisme que de museler un audiovisuel public qui compte de nombreux détracteurs.

Les débats en cours illustrent une tension récurrente : comment concilier exigence de transparence et respect de l’indépendance éditoriale ? La question est d’autant plus sensible que l’attaque contre les médias publics s’inscrit, selon certains analystes, dans un mouvement comparable observé dans d’autres pays, visant à « policer les esprits » par des campagnes coordonnées.

Reste que, pour l’heure, la commission continue ses auditions. Les critiques sur la méthode et la communication des principaux protagonistes alimenteront sans doute la controverse politique et médiatique, tandis que la nécessité d’un contrôle effectif et impartial de l’audiovisuel public demeure une question centrale pour la représentativité et la confiance démocratique.

Parlons Politique

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