Suivre la commission d’enquête parlementaire sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public exige une attention multiplateforme : la séance était retransmise en direct sur le site de l’Assemblée nationale, mais aussi, par exemple, sur CNews Prime (l’antenne jumelle de CNews, disponible sur les box) et sur le site du média Frontières. Pour qui souhaite comprendre à la fois le déroulé des auditions et la lecture politique qui en est faite, mieux vaut disposer de plusieurs écrans.
Une séance en direct et ses lectures parallèles
Sur l’écran principal, on entendait les questions — souvent répétitives — du rapporteur Charles Alloncle (Union des droites pour la république, UDR, Hérault) et les réponses apportées par les personnes auditionnées, qualifiées dans le compte rendu d’« précises et détaillées ». Sur un second écran, apparaitaient les publications et comptes rendus diffusés sur X par le même député, accompagnés des commentaires et interprétations de ceux qui attendent de ce travail parlementaire qu’il contribue à affaiblir l’audiovisuel public.
Cette simultanéité entre séance officielle et récit social explique la nécessité, pour le public et les observateurs, de croiser les sources en temps réel. Elle met aussi en lumière la manière dont une même séquence peut nourrir des lectures divergentes : d’un côté, la procédure et les échanges formels au sein de la commission ; de l’autre, la mise en récit politique et médiatique qui en est faite en parallèle.
Auditions : Schrameck puis Maistre
L’après-midi était consacrée aux auditions d’anciens et de récents présidents de l’autorité de régulation : d’abord Olivier Schrameck, qui a présidé le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de 2013 à 2019, puis Roch-Olivier Maistre, son successeur à la tête de l’institution devenue Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), en poste de 2019 à 2025.
Ces deux auditions visaient à interroger l’organisation, la neutralité et le financement des structures publiques de l’audiovisuel. Elles ont opposé des épisodes de questions répétées et des réponses développées, selon le compte rendu de la séance. Le contraste entre la méthode d’interrogation — parfois jugée redondante — et la technicité des réponses a été perceptible tout au long de l’après-midi.
Vers une impasse perceptible
Entre les éléments diffusés en direct et les contributions sur les réseaux sociaux, la journée de jeudi 11 décembre a mis en évidence une impasse potentielle dans le travail de la commission. Cette impression tient au décalage entre des demandes de clarification récurrentes et les explications détaillées qui sont apportées, et se traduit par une difficulté à faire avancer le débat parlementaire de façon consensuelle.
Plusieurs observateurs ont noté que la répétition des mêmes questions par le rapporteur a pu nourrir l’idée d’une procédure orientée, tandis que d’autres participants ont défendu la nécessité d’exiger des précisions techniques sur des sujets complexes. Le suivi simultané par les médias et les réseaux a amplifié ces perceptions contradictoires.
Sans prétendre trancher sur l’intention des uns et des autres, il apparaît que la forme des auditions — marquée par la redondance de certaines interventions — pose un enjeu de lisibilité pour le public : comment distinguer la procédure d’éclaircissement légitime d’un rattachement partisan à des objectifs politiques précis ? Les images et textes publiés en temps réel sur différentes plateformes contribuent à brouiller cette frontière.
La commission, par son champ d’investigation (neutralité, fonctionnement, financement), traite des questions au cœur du débat public sur l’audiovisuel. Les auditions de personnalités ayant dirigé le CSA puis Arcom étaient censées apporter des éléments techniques et historiques. Elles ont surtout mis en lumière la tension entre instruction parlementaire et narration politique portée à la fois par des élus et par des médias externes.
En l’état, la journée de travail a permis d’entendre les éléments de réponse des deux présidents entendus, sans qu’un accord clair sur la suite des travaux n’apparaisse immédiatement. Le filage entre séances officielles et commentaires en ligne invite à une vigilance renforcée du public, qui doit désormais regarder plus d’un écran pour se former une opinion complète et documentée.





