Commission d’enquête sur l’audiovisuel public : neutralité, financements et tensions — politisation, montages diffusés en quasi-temps réel et affaire Patrick Cohen

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La commission d’enquête sur la neutralité et le financement de l’audiovisuel public, après un mois d’auditions, suscite vives tensions: accusations de politisation, diffusion en quasi-temps réel de montages controversés et affaires impliquant Patrick Cohen. Le débat oppose exigence de transparence, risques pour le pluralisme et pressions politiques.

Au terme d’un mois d’auditions, la commission d’enquête sur « la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public » soulève des critiques et des interrogations sur sa finalité et sa méthode.

Un calendrier et une composition contestés

Créée le 28 octobre à l’initiative du groupe de l’Union des droites pour la République (UDR), allié du Rassemblement national, la commission a commencé ses auditions le 25 novembre. Son rapporteur, Charles Alloncle, a multiplié les échanges vifs avec les personnalités convoquées et a été plusieurs fois rappelé à l’ordre par le président de la commission, Jérémie Patrier-Leitus (Horizons).

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a elle-même adressé des rappels à l’ordre, ce qui témoigne de tensions internes sur le protocole et le ton des auditions. Des membres de la commission issus de la gauche ont dénoncé une forme de « maccarthysme » et s’interrogent sur l’utilité de poursuivre des travaux perçus comme politisés.

Tonalité des auditions et diffusion en temps réel

Le reproche principal porte sur le ton employé par le rapporteur et sur l’exploitation immédiate des auditions sur les réseaux sociaux. Plusieurs extraits publiés en quasi-temps réel sur le compte X du rapporteur ont été qualifiés de montages tendancieux par des intervenants et observateurs.

Un exemple cité lors des débats est l’audition du journaliste Patrick Cohen, le 18 décembre, au cours de laquelle un échange portant sur le drame survenu à Crépol (Drôme) en 2023 a fait l’objet d’un montage diffusé rapidement en ligne.

Au-delà des critiques de méthode, ces pratiques posent la question de l’équilibre entre transparence du travail parlementaire et traitement médiatique instantané des témoignages.

Une offensive politique plus large

Pour certains observateurs, la commission s’inscrit dans une offensive politique plus vaste visant l’audiovisuel public. Le Rassemblement national ne cache pas son hostilité au modèle actuel et évoque, dans une pétition lancée le 24 septembre, la volonté éventuelle de privatiser des pans du service public.

Les promoteurs de cette démarche qualifient le système audiovisuel public de « système verrouillé, militant, où l’hégémonie de la gauche est totale », selon le texte de la pétition. Ces formulations ont contribué à durcir le débat autour de la mission d’intérêt général du service public.

Affaires et révélations à l’origine du mouvement

L’offensive a été relancée après la divulgation, le 5 septembre, par le média L’Incorrect d’un extrait d’une conversation privée entre Patrick Cohen et Thomas Legrand avec des responsables socialistes, enregistré à leur insu, et présenté comme un signe de partialité.

Cette révélation a été largement reprise et amplifiée par des titres appartenant à l’écosystème médiatique du groupe détenu par le milliardaire Vincent Bolloré, où les critiques envers le service public se font récurrentes.

Dans le même temps, un autre enregistrement privé de Thomas Legrand, décrit comme également clandestin, a été évoqué juste avant l’audition des deux journalistes, alimentant un climat de suspicion et d’attaques ciblées contre des figures du journalisme public.

Pluralisme, responsabilité et enjeux démocratiques

Il est incontestable que le service public audiovisuel, financé par l’argent des contribuables, doit rendre des comptes sur son fonctionnement et sa gestion. Le pluralisme et la diversité des opinions constituent des enjeux fondamentaux pour la crédibilité de ce secteur.

Cependant, plusieurs témoins et élus estiment que la logique à l’œuvre dans cette série d’auditions dépasse la simple recherche de transparence. Ils voient dans certaines démarches davantage l’intention de museler ou de fragiliser un service public déjà ciblé par des critiques politiques et économiques.

Ce débat s’inscrit dans un contexte international où la remise en cause des médias publics et la mise sous pression des journalistes se manifestent aussi dans d’autres pays, des États-Unis à plusieurs pays européens.

La commission d’enquête devra, si elle veut produire des recommandations acceptées, tenir compte de ces tensions : garantir la transparence des travaux tout en préservant l’objectivité et la sérénité nécessaires aux auditions, et répondre de façon factuelle aux questions de gouvernance sans céder à des logiques partisanes.

Parlons Politique

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