Crise Paris–Alger : la France durcit le ton en suspendant des accords et en rappelant des agents consulaires

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Depuis l’été 2024, les relations Paris–Alger se sont profondément dégradées. Le 6 août, Emmanuel Macron a marqué une inflexion en suspendant l’accord de 2013 sur les exemptions de visa pour passeports diplomatiques, en demandant la relève d’une soixantaine d’agents consulaires et en conditionnant l’accréditation des consuls algériens à la reprise d’une coopération migratoire — des mesures prises après la reconnaissance française de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et dont l’effet dépendra des réponses d’Alger.

Depuis l’été 2024, la relation entre Paris et Alger s’est profondément détériorée. Dans cette chronologie, l’initiative prise par Emmanuel Macron le 6 août 2024 apparaît comme une étape marquante mais dont la portée reste difficile à jauger.

Le 6 août : une mise en garde, puis des mesures

L’intervention du chef de l’État le 6 août 2024 intervient deux semaines après la diffusion, par Le Figaro, d’une lettre adressée par Emmanuel Macron à son Premier ministre. Dans ce courrier, le président demandait d’agir « avec plus de fermeté et de détermination à l’égard de l’Algérie ». Cette instruction publique a ouvert une séquence de décisions visant à réamorcer un rapport de force bilatéral.

Concrètement, Emmanuel Macron a demandé la suspension de l’accord de 2013 qui prévoit des exemptions de visas pour les titulaires de passeports diplomatiques et officiels. Il a également exigé la relève d’une « soixantaine » d’agents consulaires français qui, selon le président, seraient bloqués par les autorités algériennes.

Par ailleurs, le chef de l’État a conditionné l’accréditation des consuls algériens nommés en France à la reprise d’une coopération migratoire « pleine et entière ». Ces éléments forment un ensemble de mesures diplomatiques et administratives destinées à exercer une pression ciblée sur Alger.

Contexte : dégradation après la reconnaissance du Sahara occidental

Cette fermeté s’inscrit dans un contexte déjà fragilisé depuis la reconnaissance par la France de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental, annoncée le 30 juillet 2024. Dans les jours et semaines qui ont suivi, plusieurs affaires ont encore envenimé le dialogue entre les deux capitales, accentuant la défiance mutuelle.

La décision du 30 juillet 2024 constitue, dans le récit officiel et public, le point de départ d’une série d’incidents diplomatiques. Le 6 août, l’exécutif français a choisi d’agir de manière visible et contraignante sur des leviers administratifs — visas, accréditations consulaires, rotation du personnel — plutôt que par de simples déclarations.

Une inflexion dans la stratégie française

Selon le texte de la lettre relayée par la presse, le président a demandé une attitude plus ferme à l’égard d’Alger. Pour la première fois depuis son arrivée à la présidence, Emmanuel Macron paraît privilégier un rapport de force assumé dans la gestion de cette crise bilatérale. Le recours aux mesures ciblées évoquées ci‑dessus témoigne d’un changement de ton, sinon d’une rupture complète avec la diplomatie antérieure.

La suspension de l’accord de 2013 et la conditionnalité posée sur l’accréditation des consulats montrent que la France mise sur des instruments administratifs pour obtenir des concessions ou une reprise de la coopération. La demande de relève d’une « soixantaine » d’agents consulaires souligne, quant à elle, l’existence de tensions opérationnelles sur le terrain des services consulaires.

Portée et limites de l’initiative

À ce stade, il reste délicat d’évaluer l’efficacité réelle de ces mesures. Les décisions présidentielles visent à peser sur l’adversaire par des effets pratiques et symboliques ; leur impact dépendra toutefois des réponses d’Alger et des modalités d’application en France. L’enchaînement des événements depuis l’été 2024 — de la reconnaissance du Sahara occidental aux affaires ultérieures — complexifie l’évaluation.

La chronologie disponible montre que la dynamique produite par le 6 août 2024 s’ajoute à une trajectoire de détérioration. Mais elle ne suffit pas, en l’état, à prévoir une normalisation rapide des relations. Les décisions annoncées sont administratives et diplomatiques : elles peuvent influer sur les échanges et la coopération, mais leur traduction concrète demandera du temps et dépendra des négociations qui suivront.

En l’absence d’éléments publics supplémentaires sur les suites données par Alger et sur la mise en œuvre opérationnelle de ces mesures, la portée définitive de l’initiative du 6 août 2024 demeure incertaine. Ce signal de fermeté marque néanmoins un tournant dans la manière dont Paris a choisi de gérer, depuis l’été 2024, la crise avec l’Algérie.

Parlons Politique

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