Darmanin soutient Damien Castelain, condamné en appel : magistrats (USM, Syndicat de la magistrature) dénoncent un mélange des genres menaçant la justice

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Gérald Darmanin suscite la colère de deux syndicats de magistrats (USM, Syndicat de la magistrature) après avoir publiquement soutenu Damien Castelain, condamné en appel à 18 mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité. Les syndicats dénoncent un « mélange des genres » menaçant la séparation des pouvoirs et la confiance dans la justice, rappelant un précédent lié à la réaction du ministre après la condamnation de Nicolas Sarkozy.

Deux syndicats de magistrats ont exprimé leur vive protestation, jeudi 18 décembre, contre les propos tenus par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui a publiquement assuré de son « soutien » un élu du Nord récemment condamné par la cour d’appel de Douai.

Le signalement des syndicats

La condamnation visée porte sur « dix-huit mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité » infligés à l’élu pour détournement de fonds. L’Union syndicale des magistrats (USM, syndicat majoritaire) juge « institutionnellement problématique, pour un garde des sceaux en exercice, d’apporter un “soutien” public à quelque justiciable que ce soit à l’issue d’une décision de justice ». Cette formulation figure dans une lettre ouverte dont l’Agence France-Presse (AFP) a obtenu copie jeudi.

Sur le réseau X, mardi, le ministre a posté: « Sans commenter d’aucune manière une décision de justice, j’ai une pensée plus qu’amicale pour Damien Castelain, qui est un grand président de la Métropole de Lille, et un maire passionné de Péronne-en-Mélantois », ajoutant qu’il lui apportait « son soutien dans ce moment difficile ». Le message a provoqué la réaction de l’USM, qui dit l’avoir reçu « avec consternation ».

Pour l’USM, ce type de prise de position soulève un « mélange des genres (…) démocratiquement dangereux », notamment au regard du travail quotidien des magistrats et des fonctionnaires du ministère de la Justice, qui, selon le syndicat, s’efforcent de « rendre la justice et appliquer les lois votées par la représentation nationale » dans des conditions souvent difficiles.

Le rappel des principes et la critique du Syndicat de la magistrature

Le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, insiste sur le devoir premier du garde des sceaux: « faire respecter, et donc respecter lui‑même, la séparation des pouvoirs », écrit-il dans sa réaction. Le SM reproche au ministre d’user de sa fonction « au gré de ses préférences et au profit de ses amitiés personnelles et politiques ».

Le syndicat ajoute que « le clientélisme, le favoritisme, le copinage n’ont pas leur place dans notre pays » et que de tels comportements « abîment la confiance, déjà fragile, que les citoyens ont dans leurs institutions ». Ces critiques traduisent une préoccupation plus large concernant les signes publics de proximité entre responsables politiques et personnes mises en cause ou condamnées par la justice.

Sollicité par l’AFP, l’entourage du ministre n’a pas souhaité commenter la controverse, selon l’agence.

Un précédent cité par les syndicats

Les syndicats rappellent par ailleurs que ce n’est pas la première fois que Gérald Darmanin s’exprime publiquement à la suite d’une décision judiciaire. Après la condamnation, le 25 septembre, de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison dans l’affaire dite du financement libyen, le ministre avait exprimé sa « tristesse ». Il s’était rendu à la prison de la Santé, où l’ex‑président avait été incarcéré durant vingt jours, un déplacement qui avait suscité des critiques.

Depuis sa sortie de prison, Nicolas Sarkozy fait l’objet d’une mesure de contrôle judiciaire qui, selon l’article consulté, comporte une interdiction de le rencontrer pour Gérald Darmanin. Cette précision figure dans le contexte cité par les syndicats et les médias qui ont couvert l’affaire.

Les réactions des deux syndicats mettent en lumière une tension récurrente entre expressions publiques de responsables politiques et impératifs d’indépendance de la justice. Elles posent la question de la conduite attendue d’un ministre chargé de la Justice face à des décisions judiciaires mettant en cause des élus ou des personnalités publiques.

Sans apporter d’éléments nouveaux sur le fond des condamnations évoquées, l’échange illustre la sensibilité des équilibres institutionnels lorsque des membres du gouvernement prennent position publiquement après des jugements rendus par les juridictions.

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