Au lendemain de la démission du premier gouvernement Lecornu, Edouard Philippe s’est invité, mardi 7 octobre, sur les ondes de RTL à 8 h 15. L’entretien a surpris par la nervosité affichée de l’ancien Premier ministre : il bute à plusieurs reprises sur les mots, manipule nerveusement le micro et reprend son propos à plusieurs reprises avant de formuler une proposition politique forte.
Une proposition d’élection anticipée formulée avec hésitation
Vers la sixième minute de l’émission, Edouard Philippe avance que le président Emmanuel Macron « s’honorerait » à organiser « une élection présidentielle anticipée, c’est‑à‑dire qu’il part immédiatement après que le budget a été adopté ». Le propos, livré de façon laborieuse, a nécessité des répétitions et des précisions de la part de l’intéressé, qui a tenu à souligner qu’il demandait au chef de l’État de hâter son départ sans pour autant « appeler à sa démission ».
La formulation — mêlant admonestation et prudence — illustre la difficulté d’un responsable politique qui veut marquer sa distance tout en évitant une rupture formelle avec les institutions. L’expression « élection présidentielle anticipée » a été explicitée dans l’entretien par la précision fournie par Philippe : le président partirait « immédiatement après que le budget a été adopté ». Le choix des mots et les hésitations qui les accompagnent ont été perçus par les journalistes de la station comme le signe d’un certain embarras.
La rupture Politique entre Philippe et Macron exposée
La dégradation des relations entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe ne date pas de cette intervention. L’amorce de la rupture remonte, selon le récit public, au départ contraint de Philippe de Matignon le 3 juillet 2020. Mais l’intervention du 7 octobre donne à cette rupture une visibilité nouvelle et publique, la rendant manifeste aux yeux de l’opinion et des observateurs politiques.
Edouard Philippe, qui s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle il y a environ un an, traverse une période de tensions politiques. Le texte d’origine souligne une « érosion dans les sondages depuis plusieurs mois » : cette faiblesse de l’appareil de soutien explique en partie la volonté du candidat de prendre ses distances avec un président perçu comme affaibli et contesté par une partie de l’électorat.
La mise à distance est double : elle est à la fois stratégique — pour différencier une offre politique — et symbolique, dans la mesure où elle permet au candidat de se positionner face à l’exécutif sans se présenter comme un allié du président en place.
Une intervention suivie d’un renforcement du message
Quelques jours après son passage sur RTL, Edouard Philippe a confirmé et durci son ton lors d’une interview sur France 2, où il a déclaré : « Je ne lui dois rien, il est venu me chercher », en parlant du chef de l’État. Cette formule, sèche, a renforcé l’impression d’un désaccord désormais assumé publiquement entre les deux hommes.
Les propos tenus sur deux médias nationaux montrent une trajectoire claire : d’un côté, l’ancien chef du gouvernement cherche à clarifier sa position vis‑à‑vis du Président ; de l’autre, il tente d’adresser un message aux électeurs et aux équipes politiques qui l’entourent. La façon dont ces déclarations seront reçues dépendra des réactions politiques et médiatiques dans les jours qui suivent.
Sans se prononcer sur l’opportunité d’une élection anticipée ni sur la réaction du Palais de l’Élysée, l’épisode met en lumière les tensions internes à l’espace politique centriste et à droite, et pose la question de la stratégie d’un candidat qui souhaite à la fois se démarquer et conserver une légitimité institutionnelle.





