La commémoration locale d’une bataille de 1870, tenue le 6 août à Morsbronn‑Les‑Bains (Bas‑Rhin), a été marquée cet été par une confrontation verbale entre Théo Bernhardt, député du Bas‑Rhin affilié au Rassemblement national (RN), et Benoît Sigrist, responsable local du Souvenir français. L’événement, consacré au souvenir de la bataille de Wœrth‑Frœschwiller, a rassemblé des habitants et des bénévoles autour d’un cérémonial militaire et mémoriel traditionnel.
Le déroulé de la cérémonie et la passe d’armes
Lors de la commémoration, les bénévoles du Souvenir français ont déployé les drapeaux habituels de l’association, des étendards français frangés d’or, porteurs du logo et de l’inscription « À nous le souvenir, à eux l’immortalité ». Selon le compte rendu des cérémonies, Benoît Sigrist, 56 ans et délégué local du Souvenir français, a pris la parole et cité des témoignages de soldats pour rappeler la férocité des combats et les pertes humaines de la guerre de 1870.
La présence de Théo Bernhardt, député RN du Bas‑Rhin, a donné lieu à une passe d’armes avec M. Sigrist. Les éléments publics disponibles indiquent qu’une confrontation a eu lieu à l’issue de la commémoration, mais le détail des échanges et leurs implications précises n’apparaissent pas dans le compte rendu consulté. Les participants et observateurs ont suivi la cérémonie dans un cadre institué, mêlant allocutions, honneurs et présence des associations de mémoire.
Le rappel historique : 1870, la bataille et ses conséquences
La bataille de Wœrth‑Frœschwiller, qui s’est déroulée en 1870, s’inscrit dans le cadre de la guerre franco‑prussienne. Lors de cet affrontement, les troupes françaises ont été battues par une armée prussienne en surnombre. La défaite militaire s’est accompagnée, l’année suivante, du traité de Francfort (1871) qui entraîna l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine par le Reich allemand. Cette situation perdura jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, quand les territoires furent réintégrés à la France.
Les commémorations locales comme celle de Morsbronn‑Les‑Bains visent à rappeler ces épisodes chauds de l’histoire régionale, leurs coûts humains et leurs conséquences politiques sur le long terme. Elles mobilisent des associations, des élus et des habitants, et font souvent appel à des lectures de témoignages et à des rites symboliques pour entretenir la mémoire collective.
Dans son intervention, Benoît Sigrist a cité des récits de soldats — éléments que le Souvenir français utilise régulièrement pour illustrer la réalité des combats et honorer les défunts. Le Souvenir français, fondé en 1887, se donne pour mission « d’honorer la mémoire de ceux qui sont morts pour la France, français comme étrangers ». L’association, active sur l’ensemble du territoire, organise et participe régulièrement à des cérémonies de ce type.
Les cérémonies comprennent aussi des gestes codifiés : dépôts de gerbes, sonneries d’offices, et présence d’étendards associatifs. Les drapeaux au bout de hampe mentionnés lors de la cérémonie portent le logo de l’association et la devise déjà citée, et constituent un marqueur immédiat de la continuité des pratiques commémoratives depuis la fin du XIXe siècle.
La passe d’armes entre un élu local et un responsable associatif s’inscrit dans ce cadre ritualisé mais peut révéler, au niveau local, des divergences de lecture ou de sens donné au passé. Les informations publiques disponibles ne permettent pas de reconstituer précisément les motifs et la teneur complète de l’échange entre M. Bernhardt et M. Sigrist. Il ressort cependant que la commémoration a été l’occasion pour les intervenants de rappeler la violence des combats et l’importance du souvenir.
Au‑delà de l’incident lui‑même, la cérémonie à Morsbronn‑Les‑Bains illustre la place durable de la mémoire de 1870‑1871 dans les territoires concernés et le rôle des associations comme le Souvenir français pour maintenir le lien entre histoire, témoignages individuels et pratiques collectives de commémoration. Les événements de cet été témoignent aussi de la sensibilité persistante des débats autour de la mémoire historique dans des régions où les événements du XIXe siècle ont laissé des traces durables.
Sur le plan local, la question du maintien des commémorations et de la manière dont elles sont conduites reste à l’ordre du jour. Le Souvenir français et les autorités locales continuent d’être des acteurs centraux pour organiser ces cérémonies et préserver la mémoire des conflits passés, dans un cadre qui se veut à la fois respectueux des victimes et rassembleur pour les communautés locales.