Le pôle national de lutte contre la haine en ligne a lancé des investigations pour identifier les auteurs de messages racistes publiés sur un groupe Facebook intitulé « La France avec Jordan Bardella », a précisé le parquet de Paris mercredi 27 août, selon une réponse transmise à l’Agence France-Presse (AFP).
Signalement et démarrage de l’enquête
Le parquet indique que le pôle « a procédé aux investigations pour identifier les auteurs de propos tenus en ligne ». Ce signalement faisait suite à une démarche effectuée plus tôt : le 5 juin, le député de La France insoumise Thomas Portes avait déclaré avoir saisi la procureure de la République de Paris, en évoquant notamment la présence de neuf députés du Rassemblement national (RN) au sein du groupe.
La révélation initiale avait été rendue publique début juin par le média en ligne Les Jours, qui avait documenté l’appartenance au groupe de plusieurs élus et cadres du parti d’extrême droite. Ces éléments avaient déclenché une polémique politique, principalement à gauche, et entraîné des réactions internes au sein du RN.
Contenu des publications et exemples repris par la presse
Parmi les messages cités dans les enquêtes et les articles de presse figuraient des formules à caractère raciste et antisémites. On pouvait notamment lire : « Les Arabes dehors », « la France est dirigée par les Juifs sionistes », ou encore la phrase moqueuse et provocatrice : « il nous manque un mec à petite moustache. Tout serait fini très vite. Désolé, j’ai oublié son nom ».
Ces publications ont servi de base aux signalements et ont mis en avant la teneur des discussions diffusées dans cet espace numérique privé. Les accusations portaient non seulement sur les auteurs des messages mais aussi sur les responsabilités de modération liées à l’administration de ces groupes.
Réponses et mesures au sein du Rassemblement national
Interrogé après la révélation des faits, le Rassemblement national a tenté d’en minimiser la portée, tout en reconnaissant que plusieurs cadres et élus figuraient parmi les administrateurs de certains groupes concernés. Cette situation implique, selon les critiques, une responsabilité en matière de modération et de contrôle des contenus publiés.
« De leur part, cela montre une forme d’amateurisme », avait déclaré, à l’époque, un député RN qui n’était pas visé, en déplorant que « les modérateurs ne fassent pas leur boulot ». En juin, la direction du parti avait demandé à ses députés de se retirer de tous les groupes Facebook où des propos litigieux avaient été publiés, information révélée par Franceinfo.
Impacts politiques et question de professionnalisation
L’affaire a relancé le débat sur la capacité du RN à achever sa transformation en un parti pleinement professionnalisé. Ce constat renvoie à des épisodes antérieurs : lors des législatives anticipées de 2024, plusieurs candidats investis par le parti avaient déjà été signalés pour des saillies racistes, passées ou récentes, ce qui avait fragilisé l’image de la formation.
Sur le plan judiciaire, les investigations en cours cherchent à établir l’identité des auteurs des messages et, le cas échéant, à déterminer les responsabilités pénales. Le parquet de Paris et le pôle spécialisé restent les autorités compétentes pour conduire ces vérifications et, si nécessaire, déclencher des poursuites.
À ce stade, les éléments communiqués publiquement proviennent principalement de sources médiatiques — AFP, Les Jours et Franceinfo — et de la réponse du ministère public signalant l’ouverture d’investigations. Les procédures judiciaires peuvent permettre d’éclaircir les responsabilités individuelles et d’identifier les administrateurs et contributeurs des publications incriminées.
Le dossier demeure en évolution : les investigations engagées par le pôle national de lutte contre la haine en ligne devront confirmer les auteurs et préciser les circonstances exactes des publications.