Lors de son intervention samedi 13 septembre à la Fête de L’Humanité, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, a adressé un message direct au nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu. « S’il le faut, nous appuierons sur le bouton de la censure », a déclaré le dirigeant communiste, marquant fermement sa détermination face aux orientations annoncées par Matignon.
Un message encadré par la passation à Matignon
La prise de fonction de Sébastien Lecornu avait été précédée, mercredi, d’une passation de pouvoirs à Matignon entre François Bayrou et lui. Lors de cet échange, le nouveau chef du gouvernement avait indiqué qu’il était nécessaire d’opérer des « ruptures », non seulement de forme mais aussi de fond, et d’être « plus créatif, parfois plus technique, plus sérieux, dans la manière de travailler avec nos oppositions ». Fabien Roussel a cité ces propos pour les critiquer et en faire un point d’attention pour son parti.
Pour le leader du PCF, la démission du gouvernement Bayrou « ne règle rien ». Il a estimé qu’il fallait « arrêter ce cycle infernal », demander à Lecornu « qu’il lâche prise » et laisser la place à « une autre politique ». Cette déclaration encadre la posture publique du PCF vis‑à‑vis du nouveau gouvernement.
Quatre exigences « claires et urgentes »
Fabien Roussel a détaillé quatre mesures précises réclamées au nouveau premier ministre, qualifiées de « claires et urgentes ». Il a demandé le retrait de ce qu’il a appelé les « mesures toxiques » du budget porté par François Bayrou, ainsi que des mesures sociales et fiscales immédiates.
Les quatre demandes énoncées sont les suivantes :
- le retrait des mesures budgétaires qualifiées de « toxiques », citant notamment la suppression de deux jours fériés, le doublement des franchises médicales et le gel de l’allocation adulte handicapé ;
- une revalorisation des salaires et des retraites ;
- l’abrogation de la réforme des retraites ;
- une plus grande justice fiscale, résumée par la formule « que les gros payent gros, et les petits payent petits ».
Ces revendications visent à poser des conditions claires au dialogue avec Matignon, selon le PCF, et à définir un cadre non négociable pour toute coopération parlementaire éventuelle.
La menace de censure et la condition posée
La veille de son discours, Fabien Roussel avait déjà précisé que les communistes ne s’engageraient pas dans une censure « a priori » contre le nouveau premier ministre. En revanche, il a averti qu’ils voteraient la censure « sans marque profonde d’un changement de politique ». Cette nuance traduit une posture d’ouverture conditionnelle à des modifications substantielles d’orientation gouvernementale.
Roussel a illustré son seuil d’acceptation par un chiffrage : « Si c’est pour passer de 44 milliards à 39 milliards d’austérité, ce n’est même pas la peine de nous appeler ». Cette phrase, prononcée après un entretien en début de semaine avec Sébastien Lecornu, fixe un repère chiffré pour mesurer l’ampleur des économies envisagées et la marge de négociation possible avec le PCF.
Enfin, le secrétaire national du PCF a appelé à la mobilisation citoyenne pour la journée du 18 septembre, demandant aux Français d’être « très nombreux » pour « exprimer nos revendications ». Ce rendez‑vous apparaît comme la première échéance de la contestation organisée par le parti face aux choix budgétaires et sociaux du gouvernement.
En résumé, le discours de Fabien Roussel à la Fête de L’Humanité fixe des lignes rouges politiques et sociales : retrait de mesures budgétaires spécifiques, hausse des revenus et abrogation de la réforme des retraites, et menace explicite de censure si les changements de cap ne sont pas jugés substantiels par le PCF.