En septembre, alors que l’Assemblée nationale apparaît morcelée et traversée par des clivages persistants, un petit groupe de députés revendique la capacité à s’extraire des querelles partisanes. Baptisé LIOT — pour Libertés, indépendants, outre‑mer et territoires —, cet ensemble hétérogène compte aujourd’hui vingt‑trois élus et occupe des bancs situés en haut de l’hémicycle. citeturn1search3turn1search5
Origines et identité du groupe
Créé en octobre 2018, LIOT est né comme une formation transversale, rassemblant des élus de centre gauche et de centre droit, des représentants ultramarins et des voix corses ou locales. À sa création le 17 octobre 2018, le groupe revendiquait une forme d’indépendance vis‑à‑vis des majorités classiques et une implantation axée sur les problématiques territoriales. citeturn4search12turn4search4
Sa composition reflète cette diversité : des centristes proches de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), d’anciens membres des Républicains, des députés socialistes dissidents opposés à certaines alliances, ainsi que plusieurs élus ultramarins. Cette mosaïque d’étiquettes est à la fois la force et la difficulté du groupe : elle lui donne une liberté de vote mais complique la définition d’une ligne politique uniforme. citeturn1search3turn4search13
Un rôle visible lors du vote de confiance du 8 septembre
Le 8 septembre, l’Assemblée nationale a rejeté la confiance au Premier ministre, entraînant la chute du gouvernement ; au total, 364 députés ont voté contre, 194 ont voté pour et 15 se sont abstenus. Cet événement a replacé LIOT sous les projecteurs du Palais‑Bourbon. citeturn2search0turn2news12
Au sein du groupe LIOT, le scrutin a montré ses divisions internes : 15 députés ont voté contre la confiance, 4 se sont abstenus et 4 ont voté pour — total conforme à l’effectif de 23 membres. Ces chiffres illustrent la posture ambivalente du groupe, capable de refuser la confiance collective sans pour autant se comporter en bloc homogène. citeturn2search5turn2search6
Plusieurs responsables du groupe ont expliqué qu’ils ne cherchaient ni à constituer une opposition frontale ni à se fondre dans la majorité. L’expression « opposition constructive » a été reprise par plusieurs députés LIOT pour résumer cette volonté d’offrir des compromis sur des sujets nationaux tout en défendant les intérêts territoriaux de leurs circonscriptions. (Citation et formulation rapportées au sein du groupe.)
Un positionnement stratégique et ses conséquences
Le profil de LIOT en fait un interlocuteur courtisé sur des dossiers sensibles — outre‑mer, ruralité, décentralisation — où les majorités strictes peinent parfois à trouver des réponses. Cette attractivité tient autant à la spécialisation de certains de ses membres sur les questions territoriales qu’à la marge d’autonomie dont ils disposent dans leurs votes. citeturn1search3turn1search4
Pour autant, la cohérence du groupe dépend largement de la capacité de ses députés à négocier entre eux et avec les autres formations. La diversité des origines politiques — UDI, ex‑LR, socialistes dissidents, élus ultramarins et corses — permet des dialogues transversaux, mais rend fragile toute stratégie collective à long terme, notamment face à des questions nationales polarisantes comme les finances publiques ou l’immigration.
Estelle Youssouffa, députée de Mayotte rattachée à LIOT, résume ce positionnement en soulignant le rôle du groupe comme espace de compromis : « LIOT est une oasis dans une Assemblée nationale très polarisée. Malgré nos différences politiques, on est un groupe du vivre‑ensemble », a‑t‑elle déclaré, selon des propos rapportés par plusieurs parlementaires du groupe.
Au sortir des tensions provoquées par le vote de confiance, LIOT apparaît donc comme un acteur de l’équation parlementaire : numériquement limité mais parfois décisif, assumant un positionnement qui peut le préserver du sectarisme partisan autant qu’il peut le contraindre dans des moments de choix clairs et binaires pour la majorité. Les prochains mois devraient montrer si ce modèle de compromis territorial pourra se maintenir face aux échéances politiques nationales.