Avant la démission de Sébastien Lecornu, annoncée lundi 6 octobre, l’économie française avait déjà subi un effet mesurable de l’instabilité politique : une perte de croissance estimée à environ 0,3 point sur l’année 2025. Cette évaluation figure parmi les analyses diffusées par des économistes et acteurs financiers après une période de tensions gouvernementales.
Évaluation chiffrée de l’impact
La Banque de France prévoit une croissance proche de 0,7 % pour 2025. Selon plusieurs économistes consultés, l’impact de la crise politique explique l’écart avec ce que l’économie aurait pu enregistrer en l’absence de perturbations.
« Vu les événements des dernières heures, il faut s’attendre à ce que la situation empire », estime Bruno Cavalier, économiste en chef chez Oddo BHF, société de gestion d’actifs et banque privée. Cette phrase illustre la crainte d’un effet d’amplification si l’incertitude politique se prolonge.
Stéphane Colliac, économiste à BNP Paribas, juge que « sans la crise politique, [la croissance] aurait sans doute été proche de 1 % ». Le constat est identique chez Maxime Darmet, économiste à Allianz Trade, qui évalue également la perte à 0,3 point. Ces estimations mettent en regard la prévision officielle et une trajectoire alternative construite par les analystes.
Comment l’incertitude freine l’activité
Les économistes interrogés pointent un mécanisme bien connu : l’incertitude politique réduit la confiance des ménages et des entreprises, ce qui pèse sur la demande et l’investissement. Craignant des hausses d’impôts ou une réduction des aides publiques, les ménages modèrent leur consommation et les entreprises retardent ou limitent leurs projets d’investissement.
Concrètement, la frilosité des ménages se traduit par des dépenses différées sur des biens durables ou des services non essentiels. Pour les entreprises, l’hésitation à engager des dépenses nouvelles affecte plus particulièrement les investissements à long terme, lesquels soutiennent la productivité et la croissance future.
Risques d’amplification et limites des estimations
Les évaluations présentées — perte de 0,3 point et prévision à 0,7 % — reposent sur des modèles et des hypothèses qui peuvent évoluer si la situation politique change. Une période d’instabilité prolongée peut creuser les effets décrits, tandis qu’une normalisation rapide réduire l’impact observé.
Par ailleurs, les chiffres cités agrègent des comportements contrastés selon les secteurs et les ménages. Certains segments de l’économie peuvent résister mieux que d’autres, selon leur exposition aux marchés, leur marge de manœuvre financière et la nature des aides publiques concernées.
Les déclarations des économistes reflètent des scénarios plausibles mais simplifiés : elles renseignent sur la direction et l’ordre de grandeur de l’impact, sans prétendre à une précision absolue sur le long terme.
En l’état, la combinaison d’une prévision officielle (Banque de France) et d’estimations d’acteurs privés (Oddo BHF, BNP Paribas, Allianz Trade) donne une image cohérente : l’incertitude politique pèse déjà sur la croissance et représente, selon ces sources, un frein notable à l’activité économique en 2025.
Sans hypothèses contradictoires ou nouveaux éléments chiffrés, ces conclusions signalent que la stabilité politique reste un facteur déterminant pour la trajectoire économique à court terme, via son influence sur la confiance, la consommation et l’investissement.