Plus qu’un soutien, une offre de service. À quelques jours de son rassemblement de rentrée, La France insoumise (LFI) a pris position sans ambiguïté en faveur du collectif « Bloquons tout », né sur les réseaux sociaux et qui appelle à mettre la France à l’arrêt le 10 septembre.
Dans un texte cosigné par plusieurs responsables du mouvement et publié dans La Tribune Dimanche du 17 août, Jean‑Luc Mélenchon invite explicitement militants et sympathisants à rejoindre ce collectif « hétéroclite et apartisan ». Il demande ainsi « à tous ceux qui partagent nos principes et notre volonté d’action (…) de se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour [leur] réussite ».
Appel coordonné entre rue et Parlement
Le leader des « insoumis » ne se contente pas d’un simple soutien : il lie la mobilisation de rue au registre parlementaire. Selon le texte publié, la « mobilisation populaire » doit aller « de pair » avec l’action à l’Assemblée nationale, car, écrit‑il, « faire l’un sans l’autre est vain ou bien incertain ».
Sur le plan politique, LFI réclame une session extraordinaire de l’Assemblée nationale afin d’y déposer une motion de censure, et appelle à « une offensive déterminée pour faire tomber [le] gouvernement ». Le message vise à coordonner pression populaire et initiatives institutionnelles, en donnant à l’action de rue un prolongement législatif.
Un tournant dans la posture de Mélenchon
Ce positionnement marque un changement de ton par rapport aux déclarations précédentes de Jean‑Luc Mélenchon. Le 30 juillet, sur son blog, il disait partager les revendications portées par « Bloquons tout », tout en mettant en garde sur la nécessité pour ce type de mobilisation de conserver « l’indépendance et l’autonomie d’un mouvement social de cette nature », qu’il qualifiait non pas d’inconvénients mais « de la condition de son succès ».
La prise de position publiée dans La Tribune Dimanche montre donc une évolution : d’une posture prudente, axée sur l’autonomie du mouvement, LFI passe à un engagement plus explicite et opérationnel en faveur du collectif.
Les mots choisis — « se mettre immédiatement au service des collectifs locaux » — insistent sur une mise à disposition de cadres et de moyens pour soutenir des actions locales conduites par des groupes issus du web et de la société civile.
Questions et enjeux
Plusieurs enjeux se dégagent de cette convergence. D’abord, la compatibilité entre l’autonomie revendiquée par le collectif « Bloquons tout », présenté comme « hétéroclite et apartisan », et l’appui structuré d’un parti politique. Ensuite, la tension possible entre une mobilisation massive le 10 septembre et l’efficacité d’une motion de censure portée en parallèle à l’Assemblée nationale.
Le texte de LFI met en évidence une stratégie combinée : renforcer la pression dans la rue tout en tentant d’obtenir des résultats politiques immédiats au sein des institutions. Cette double approche pose la question des calendriers et des responsabilités, tant au niveau des collectifs locaux que des groupes parlementaires qui pourraient soutenir une motion de censure.
Enfin, l’appel explicite de Mélenchon rend compte d’une volonté de capitaliser politiquement sur une dynamique née en dehors des structures partisanes. Reste à voir comment les collectifs, qui se définissent par leur diversité, réagiront à une offre de collaboration émanant d’un mouvement politique identifié.
Le texte publié dans La Tribune Dimanche du 17 août et le billet de blog du 30 juillet figurent comme les références publiques de ce changement de posture. Les prochaines semaines permettront d’observer si cette offre de service se traduit par une coordination durable entre acteurs de la rue et élus à l’Assemblée nationale, ou si elle restera une initiative tactique limitée dans le temps.