Dimanche 30 novembre, sur BFM-TV, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez s’est déclaré « pas favorable » à une interdiction du port du voile pour les mineures dans l’espace public, jugeant la proposition « très stigmatisante vis‑à‑vis de nos compatriotes musulmans qui peuvent se sentir blessés ». Cette prise de position intervient alors que des responsables politiques multiplient les propositions visant à encadrer le port du voile et d’autres pratiques religieuses chez les jeunes.
Une proposition déposée par Laurent Wauquiez
Le chef des députés Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a déposé une proposition de loi, lundi, visant à interdire le port du voile aux mineures dans l’espace public. Selon l’article d’origine, des professeurs de droit public consultés par l’Agence France‑Presse (AFP) émettent de « sérieuses réserves » sur la conformité de cette mesure à la Constitution.
La question du périmètre de l’interdiction a déjà fait l’objet d’autres discussions politiques. En mai, le patron des députés macronistes, Gabriel Attal, avait évoqué une limite fixée aux moins de 15 ans, sans toutefois déposer de texte à l’époque.
Autres propositions et contexte parlementaire
Parallèlement, un rapport des Républicains au Sénat évoque aussi l’interdiction du jeûne du ramadan pour les moins de 16 ans. Ce document s’inscrit, selon l’article, dans la continuité d’un rapport sur « l’entrisme islamique » rendu public au printemps par Bruno Retailleau.
Ces initiatives s’inscrivent dans un débat politique plus large sur la laïcité, la protection des mineurs et la lutte contre les réseaux ou discours considérés comme radicalisants. Elles suscitent en retour des interrogations juridiques et un débat sur la proportionnalité et l’efficacité de mesures à caractère général.
Les réserves du ministre de l’Intérieur
Interrogé sur ces propositions, Laurent Nuñez a fait porter son propos sur la prudence juridique et le risque de stigmatisation. « On se rapproche pas mal du délit d’opinion, donc il faut qu’on soit extrêmement prudents dans les mesures que l’on va proposer », a‑t‑il déclaré, ajoutant : « Il faut faire attention aux mesures qui seraient trop stigmatisantes. »
Le ministre a précisé que son objectif n’était pas de cibler un signe religieux en lui‑même, mais plutôt « des structures, des individus qui portent un discours d’entrisme islamiste qui vise à faire en sorte qu’à terme la loi religieuse s’impose aux lois de la République ».
Il a encore estimé qu’il convenait « plutôt d’essayer de s’attaquer à ces structures, à ces individus qui disent à ces jeunes filles qu’elles doivent avoir le droit d’aller voilées à l’école et (…) que sinon il faut refuser d’aller à l’école ». L’accent est donc mis sur la lutte contre les formes d’endoctrinement et les organisations, plutôt que sur une interdiction générale pesant sur les mineures.
Position d’Aurore Bergé et tonalités politiques
Sur CNews et Europe 1, la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, s’est dite en faveur d’une interdiction du port du voile pour les fillettes, au nom de la « protection des enfants ». « Ça fait des années que je le propose et ce serait bien que maintenant on le fasse », a‑t‑elle déclaré, ajoutant : « Les groupes politiques peuvent inscrire des propositions de loi à l’ordre du jour et je n’ai aucun doute sur le fait qu’il y a maintenant une majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat pour le voter. »
Cette divergence de vues, entre responsables favorables à une interdiction stricte et ceux prônant la ciblage des réseaux et des discours, illustre la difficulté à concilier enjeux de sécurité, droits individuels et liberté de culte.
Plusieurs professeurs de droit public cités par l’AFP soulignent par ailleurs les obstacles juridiques potentiels à une telle interdiction. Ils mettent en garde contre des mesures qui pourraient heurter les principes constitutionnels et les libertés fondamentales, tout en invitant à distinguer les actions répressives visant des organisations illégales des mesures générales applicables à l’ensemble d’une catégorie d’âge.
Au‑delà des déclarations politiques, la suite du débat dépendra des textes déposés, des évaluations juridiques qui les accompagneront et des arbitrages parlementaires à venir. Le caractère sensible du sujet et les questions constitutionnelles évoquées rendent probable une analyse approfondie avant toute adoption éventuelle.





